Père Scorsese, raconte nous une histoire...

Me voila tout juste sorti de la séance du film prêt à partir dans une critique à chaud et avec un grand sourire qui ne me quitte pas après avoir vécu ma meilleure expérience au cinéma cette année.
Et pourtant après tous les louanges qu'on louait au film un peu partout, mes éclaireurs dithyrambiques, Twitter en ébullition, je commençais à avoir peur, je ne voulais pas mettre la barre trop haute sous peine d'être déçu devant un film qui se révèlerait très sympa mais trop éloigné de l'engouement général. Au final je ne ressors pas peiné d'avoir été préparé à voir un grand film imaginaire ou survendu mais peut être même encore plus dingue devant le spectacle jubilatoire et hypnotisant qui vient de me tomber dessus.

Bon faisons un petit bon dans le temps, Scorsese est un réalisateur que j'ai découvert dans mon adolescence et qui a grandement participé à mon amour pour le cinéma. Il m'a appris qu'on pouvait filmer un homme accro au porno chauffeur de taxi dans les rue de New York et en faire un chef d'œuvre, il m'a montré des scènes de boxe mémorables qui à ce jour n'ont jamais atteint cette tension, il m'a fait ensuite aimer le milieu de la pègre et chose encore plus difficile il a su donner du charisme à un Joe Pesci qui démarrait mal par rapport à un monstre comme DeNiro et aurait pu finir dans le rôle de Mario Bros entre d'autres mains. Quant à DiCaprio maintenant, je l'ai découvert lui aussi à la même époque dans un film loin d'être mémorable Gilbert Grape mais sa performance de jeune autiste avait su m'intriguer, réussissant à négocier à merveille le tournant de sa carrière après le succès colossal de Titanic pour se découvrir un nouveau cycle de films avec Scorsese qui lui a permis de décrocher des rôles à la mesure de son talent.
Nous voilà donc arrivé au film qui nous intéresse, notre réalisateur fétiche a 71 ans à présent et n'a plus rien à prouver à personne et notre jeune prodige a largement dépassé la trentaine et a accumulé assez d'expérience pour tenir le rôle complexe et si difficile du fameux Jordan Belfort génie de la vente mais dominé par ses addictions extrêmes.

Si j'ai pris du temps pour parler du film c'est pour vous expliquer à quel point la claque que j'ai prise à été grande, Le Loup de Wall Street n'est pas simplement le plus grand film que j'ai vu cette année, c'est aussi à mon sens le meilleur film de Scorsese ( oui oui même pas peur ) et le plus grand rôle de DiCaprio. Et je ne suis pas entrain de vous dire que Michael Bay et Vin Diesel ont tourné leur meilleur film, ça n'a aucune valeur dans ces circonstances tant l'échelle est basse. Mais là ce sont deux personnalités marquantes du cinéma pour qui j'ai le plus profond respect depuis des années qui ont réussi à me subjuguer en m'offrant un expérience saisissante, hilarante, puissante, déjantée sans jamais sombrer dans le caricatural pour l'un ni la surenchère pour l'autre. DiCaprio est ici tout simplement monumental, réalisant une des performances les plus incroyables que j'ai pu voir ces dernières années, en affichant tous les excès de son personnage avec une aisance et une crédibilité hors norme, qu'il se montre pathétique, d'une assurance démesurée ou d'une drôlerie sans nom, il est en état de grâce tout au long de ses 3 heures pour notre plus grand bonheur. Appuyé par des seconds rôles de grande qualité, Jonah Hill en tête qui arrive à canaliser l'énergie de notre Héros en tant que Sidekick de luxe et contribue grandement au potentiel comique qui inonde le film.

Irrévérencieux dans sa forme qui capte l'attention du spectateur, quitte à le brusquer et le chambrer un peu, Le loup de Wall Street possède un fond pertinent qui nous offre un récit paradoxal. En utilisant à merveille sa forme à première vue racoleuse et vulgaire qui réalisée avec cette distance et ce seconde degré omniprésent finit par la ridiculiser et véhicule de cette manière avec force le message qui en découle. Scorsese s'offre ici une seconde jeunesse et y prend un plaisir immense, sans pour autant oublier de régaler son spectateur comme c'est trop souvent le cas. Totalement décomplexé et en y apposant sa touche personnelle dans un schéma certes semblable à Casino, mais parfaitement dans le ton de son histoire. Jamais alambiqué, maîtrisant chaque parcelle de son bijoux, qui grâce à un montage audacieux et un rythme soutenu passe à une vitesse folle, il m'a rappelé pourquoi j'aimais autant le cinéma en m'offrant en 2013 un chef d'œuvre ultime regorgeant d'ores et déjà d'un nombre hallucinant de scènes cultes ! Que dire si ce n'est, la classe Mr Scorsese.

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le 29 déc. 2013

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