"Magnifique" hier, Pathétique aujourd'hui

J’ai vu « Le Magnifique » hier, il passait sur C8. « Le Magnifique », j’ai plusieurs fois entendu le titre de ce film associé au mot « culte » et au si populaire « Bebel ». Le pitch avait l’air sympa. Plusieurs éléments encourageants, je me suis donc lancée.


La vérité est que ce film est dépassé et c’est tant mieux. Peut-être était-ce normal dans le cinéma français des années 70 que de tourner au ridicule le viol, les agressions sexuelles et de se moquer des homosexuels ?


On peut défendre le film en parlant de fiction pour la partie imaginée par l’écrivain Merlin, mais ce n’est pas dans les parties fictives que le dégoût et la gêne apparaissent, mais dans les agissements et les réflexions du personnage de l’écrivain qui s’ancrent dans la partie « réelle » du film.


En tant que femme née dans les années 90, je trouve ce film glauque au possible et j’aimerai alerter sur plusieurs points :



  • Déjà on passera (ou pas) sur l’éternel refrain de la jeune femme de 25 ans qui tombe amoureuse de l’homme désabusé de 40 ans.

  • Première agression du film : le personnage de François Merlin, lors de son premier réel échange avec Christine, tente de l’embrasser (on parle pas vraiment de consentement partagé ici), celle-ci refuse... Donc, tranquillement, il lui dit qu’elle est présente dans son roman sous les traits de Tatiana : le stéréotype de la femme sensuelle, séduite par le héros, présente uniquement pour sa plastique ; et qu’il s’apprête à écrire leur scène d’amour. Entendez par là : une bonne grosse scène de sexe.
    Ainsi cette étudiante brillante se retrouve dans l’appartement miteux de ce type de 20 ans de plus d’elle, qui a en plus l’air d’être sous Xanax. Il cherche à l’embrasser après avoir échangé trois mots, puis il lui avoue, sans aucune gêne, qu’il est en train d’écrire une scène de sexe où les personnages ne sont rien d’autre qu’une projection d’eux-même.
    Pas du tout creepy…Ça pue le fait divers cette histoire ! Mais elle ne prend pas la fuite nan nan nan !

  • Suivra en fin de film une deuxième agression dans un lieu public : alors que la jeune femme est venue dire à Merlin de reprendre l’écriture, il se met à lui courir après comme une bête en rut, et la plaque contre un arbre… Et oui, technique de séduction universelle me direz-vous...chez les gorilles peut-être ! Un bon exemple pour les jeunes de cet époque : beau message !
    Ah et je vous le donne dans le mile : elle va craquer ! Et oui, devant un si bel élan romantique, comment ne pas succomber ?

  • Brutalisation de sa femme de ménage (oui, bravo, c’est très drôle de violenter son employée...en même temps c’est une femme et elle a un balai, elle l’a bien cherché).

  • Lorsque François Merlin pense que Christine le trompe avec son éditeur, il imagine dans sa fiction un destin des plus comiques pour Christine… Elle va se faire violer successivement par un grand nombre d’hommes… ha oui c’est très drôle ça… mais elle va y prendre du plaisir, et oui ! C’est vrai qu’une petite banalisation/dédramatisation du viol dans une comédie populaire portée par un acteur comme Belmondo, c’est hyper cool !

  • Merlin laisse la pauvre Christine en pleurs toute la nuit devant sa porte, alors qu’elle est sous drogue et qu’un groupe d’inconnus s’est incrusté chez elle, dont un homme aux intentions non dissimulées de profiter de Christine. Normal, Belmondo c’est un mec, un vrai. La fierté d’un homme, ça vaut bien de la laisser chialer...ou de se faire violer...hum !

  • Enfin dans un dernier élan comique, l’écrivain n’en peut plus de son héros, il veut en finir avec lui, son choix est donc de le rendre homosexuel et de lui créer un flirt avec le méchant de l’histoire. Leur pseudo-romance et leurs jeux d’acteurs des plus maniérés et stéréotypés tournant en dérision les relations homosexuelles, c’est un peu la petite douceur de fin, la « cherry on the cake » de la médiocrité !


Ainsi, je n’ai que très peu apprécié ce film.


Ce film n’a de « magnifique » que le nom ! Aujourd’hui, c’est simplement une trace honteuse des mentalités d’une partie du cinéma de l’époque.


Je propose donc un nouveau titre « Le Pathétique » : une comédie des années 70 qui connu un fort succès mais qui aujourd’hui donne la nausée !


Un succès qui reflète une mentalité de l’époque, qui malheureusement a fait des héritiers aujourd’hui.

Dekdek
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le 20 avr. 2020

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