Il est des films au concept très simple, et pourtant terriblement expérimental. « Le Mystère Picasso » fait partie de ceux-là. Henri-Georges Clouzot, lui-même peintre amateur, décide de tourner un documentaire sur Pablo Picasso. Pas un portrait de l’homme, non. Il est question ici de voir l’artiste au travail, en train de dessiner ou peindre, pour tenter de percer son mystère.
Soyez donc prévenus, « Le Mystère Picasso » c’est grosso modo 1h15 de dessins. Filmés astucieusement de l’autre côté de la feuille, grâce à des feutres et du papier spéciaux, on peut voir l’œuvre évoluer sans la main de l’artiste.
Je ne vais pas mentir, ce n’est guère passionnant. En tout cas pas pour moi : je ne suis pas amateur de peinture, ni de cubisme, ni de Picasso. Mais je ne doute pas que les aficionados de peinture vont trouver le film et le concept réjouissant.
Ceci dit, au-delà de la technique, je salue la démarche, qui permet de s’interroger sur plusieurs facettes du métier de peintre. Et, alors que je me disais que ce genre de film aurait plutôt sa place pour une projection en boucle dans un musée, « Le Mystère Picasso » m’a surpris. Clouzot se permet quelques « pauses », apparaissant à l’écran avec son chef opérateur Claude Renoir, pour discuter du film avec Picasso.
Une sorte de mise en abîme du cinéma et du documentaire. Qui propose quelques touches d’humour et de réflexion télescopiques sur la situation. Picasso devant terminer son dessin avant que la bobine ne se termine. Clouzot craignant que le public pense que Picasso a fait son dessin en 10 minutes avec les effets de montage… alors que le simple fait de l’évoquer face caméra permet de désamorcer la crainte !
D’ailleurs la magie du montage peut faire croire que l’ensemble a été tourné en un après-midi. En réalité il a fallu plusieurs mois.
Un documentaire sans doute immanquable pour les amateurs de peinture. Pour les autres, une curieuse expérience cinématographique.