Gamblin-Forestier. Pourquoi pas ? Mais ça demandait vérification. Un film sur le nom des gens ? Pourquoi pas, mais ça fait double vérification. Réalisateur : Michel Leclerc ? Celui de la supérette ?... Bref, à première vue, c'était pas gagné. Et pourtant...
Si je suis honnête, ce film m'a passionné. Avec son air de ne pas y toucher, il a fini par me toucher, irrésistiblement, irrémédiablement, profondément. Pas moins.
Le titre résume bien à lui seul le rapport si important entre son nom et plus que nos vies et nos caractères, nos êtres, la somme de nos sensibilités, bref nos humanités. Je ne porte pas pourtant pas un nom particulier, je ne mène pas une vie trépidante, ni ne traîne une quelconque histoire familiale sordide et n'ai pas non plus un caractère hors-normes, mais le personnage que joue Gamblin m'a bouleversé, j'y pense souvent depuis. Et je ne saurais pas vraiment dire pourquoi, ni ce qui me touche véritablement là-dedans.
C'est sans doute cela la magie du cinéma, un langage universel qui traverse corps et âmes, certains sans doute plus que d'autres. Moi, ici, c'est pleins phares, les yeux un peu exhorbités : on parle de rémanence il me semble pour cette trace que laisse la lumière une fois les yeux fermés ; chez moi, c'est donc pleins phares avec ce sentiment que l'on passe parfois à côté de sa vie, de son destin, de son chemin. Pas forcément de grandes routes non plus, mais des petites situations où l'on regretterait certains mots, certaines attitudes, certains choix,... (D'ailleurs, Greg, tu me dois toujours mes 200 balles).
Pleins phares aussi sur ces admirables "petits" seconds rôles qui illuminent vraiment l'histoire : les parents de l'un et de l'autre, tous meilleurs les uns que les autres avec mention spéciale à Z.Soualem terriblement attachant, sans compter -spoil alerte !- un ancien premier ministre qui nous fait la surprise de son -mauvais- jeu d'acteur (on a connu politiques plus habiles...).
En conclusion, je mets donc un bon 8/10 en retenant pas mal de bonnes scènes, inventives, souvent drôles (pour les gens de gauche...), une forme très originale et agréable donc et un fond d'histoire vraiment plus profond qu'il n'y paraît à première vue : pour ceux qui ne l'auraient pas vu, vous pouvez y aller les yeux fermés. Pleins phares, j'vous dis !