Cinéaste franco-arménienne, Tamara Stepanyan est devenue une référence, en matière de documentaires, notamment avec son tout dernier, Mes fantômes arméniens, qui engage le dialogue avec son père, acteur, décédé il y a peu d'années. Pour sa première incursion dans la fiction, la réalisatrice fait découvrir l'Arménie à son héroïne française, laquelle porte le deuil de son mari, qui en était originaire. C'est un prétexte pour nous parler de son pays natal et de son peuple, malmené par l'Histoire, sans même parler du génocide ou de l'appartenance à l'URSS, avec les stigmates du grand tremblement de terre de 1988 et, surtout, les guerres successives avec l'Azerbaïdjan, dans la région du Haut-Karabagh. C'est donc à la fois à une forme de tourisme mémoriel et à un témoignage à vif sur le conflit avec la nation voisine et ennemie que nous convie Tamara Stepanyan. Cette visite guidée de l'Arménie n'est pas une partie de plaisir, traîne un peu, et le personnage joué par une Camille Cottin très sobre manque hélas d'épaisseur. Ce n'est heureusement pas le cas pour le rôle de sa "guide" improvisée, dans lequel excelle la formidable Zar Amir Ebrahimi. Celle-ci nous touche et nous sensibilise aux tourments d'un pays, mais sans l'ampleur qu'avait pu donner Robert Guédiguian, dans son Voyage en Arménie, ou encore, dans un registre bien plus émouvant, Atom Egoyan dans Ararat.