Comme toujours chez Doillon, l'émotion est à fleur de peau et il faut saluer son talent pour savoir tourner avec de jeunes comédiens, en l’occurrence ici il a fait débuter Clotilde Courau, le plus souvent non-professionnels. Gérald Thomassin fait partie de ceux-là et bien que bafouillant par moment son texte, il se révèle confondant de justesse en jeune délinquant. Naïf mais authentique, ce que recherche le réalisateur.

A ce sujet, Doillon en profite pour nous dresser un portrait quelque peu pessimiste de la jeunesse au sein des quartiers populaires. Une jeunesse désorientée, qui ne croit pas en son avenir, et ne pensant bénéficier d'aucun talent, préférant commettre des larcins ou sécher les cours. Le malaise persiste encore aujourd'hui. Il exprime aussi la douleur d'être dans une famille déstructurée où l'on voit d'ailleurs que la mère a depuis longtemps abdiqué.

Richement dialogué, le film montre que tous les personnages sont dans le même sac : le frère et la sœur bien entendu mais aussi le flic qui finira par être le père, le confident et qui se confiera aussi à la fin, joué par Anconina, pris en otage, et qui n'a pas été épargné par la vie.

Prouvant que nous sommes les résultats de nos parents, ce road-movie, où les comédiens sont impeccables, est à ce jour le plus gros succès commercial de Jacques Doillon et qu'il est bon de revisionner car l'essentiel des troubles actuels de la société est étudié sans les habituels clichés des documentaires ou des séries à la téloche. On ne peut être également que touché par la volonté de ce jeune garçon à retrouver sa sœur qu'il n'a jamais vu et dont on a caché l'existence sous une fausse mort.
Incertitudes
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le 28 août 2014

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