C'est le boss, le patron.. Sans doute le meilleur réalisateur d'Hollywood à l'heure actuelle. Un metteur en scène capable de passer d'un genre à l'autre avec une facilité désarmante, de filmer la même année des dinosaures et les camps de concentration avec le même brio, de transformer une bande bande dessinée presque centenaire en un Indiana Jones des temps modernes. Steven Spielberg est de retour trois ans après Lincoln pour nous raconter une histoire vraie se déroulant pendant la Guerre Froide.


Écrit par les frères Coen (excusez du peu) et Matt Charman (qui avait déjà écrit Suite Française), Le Pont des Espions raconte un échange de prisonniers à Berlin en 1960. Les Américains ont en effet arrêté un espion sur leur sol quand, coté russe, un pilote d'un avion de reconnaissance U-2 destiné à prendre des photos aériennes se fait abattre. Le gouvernement ne voulant pas s'impliquer directement dans l'affaire fait appel à un avocat, celui-là même qui a défendu l'espion russe, pour négocier un échange. James B. Donovan décide, une fois sur place qu'il ne veut pas seulement libérer l'espion en question mais également repartir avec un étudiant américain, Frederic Pryor, arrêté par la police Est-allemande en pleine construction du mur de Berlin.


Après avoir évoqué les deux Guerres Mondiales ou l'élection du président Lincoln, Steven Spielberg revient une nouvelle fois à la fresque historique et fait appel à l'un de ses acteurs fétiches, le toujours très bon Tom Hanks. Le Pont des Espions s'ouvre une scène brillamment filmée où deux agents du contre espionnage américains suivent un espion russe présumé, sans qu'on sache vraiment qu'il est le gentil et qui est le méchant, avec une caméra qui virevolte dans d'un camps à un autre dans les rues et le métro new-yorkais, résumant bien la complexité de la situation géo-politique par l'image.


C'est ensuite que le bas va un peu blesser. Pendant une longue heure (sur 2h12), Spielberg va s'intéresser au procès de l'espion russe et à sa défense mise en place par le personnage de Hanks. Une interminable heure de blabla où des personnes âgées discutent en bras de chemise et bretelles dans des bureaux, rappelant les plus douloureux moments de Lincoln. Il faudra tout le temps d'écriture des frères Coen pour insuffler un peu d'humour dans les dialogues et l'incroyable talent du directeur de la photo Janusz Kaminski pour vraiment nous intéresser à ce qui se passe à l'écran. Qui plus est, l'absence de John Williams (remplacé par un Thomas Newman peu inspiré) se fait clairement ressentir.


Heureusement, une fois que Tom Hanks s'envole pour Berlin, la donne va changer. Même si le film va rester bavard (mais après tout, la Guerre Froide n'est-elle pas seulement une longue suite d'échanges diplomatiques ?), le spectateur va pouvoir se prendre au jeu de l'histoire grâce à de très bons acteurs et à une mise en scène très réussie. Ce qui ressort de cette deuxième partie, c'est d'ailleurs l'aisance avec laquelle Steven Spielberg filme Berlin coupée en deux et habilement reconstituée. Le film est une histoire vraie, on connait la fin mais le réalisateur de Cheval de Guerre parvient quand même à maintenir le suspens jusqu'au bout grâce à son talent de conteur d'histoires, concluant avec une série de scènes dont lui seul a le secret.


Au final, et malgré un démarrage un peu laborieux, Le Pont des Espions n'est pas l'un des plus grands films de Steven Spielberg. Ca ne l'empêche pas d'être une belle leçon d'Histoire.

cloneweb
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films 2015 et Tous les films vus

Créée

le 13 nov. 2015

Critique lue 701 fois

3 j'aime

cloneweb

Écrit par

Critique lue 701 fois

3

D'autres avis sur Le Pont des espions

Le Pont des espions
guyness
6

L'Allemagne déleste

Il y a en fait deux films dans ce Pont des Espions, et le plus réussi des deux n'est pas celui auquel on pourrait penser. La première partie est, de fait, bien mieux qu'une simple mise en place...

le 9 févr. 2016

58 j'aime

24

Le Pont des espions
Docteur_Jivago
6

Bons baisers de Berlin

C'est toujours un petit évènement la sortie d'un film de Steven Spielberg, malgré un enchaînement de déceptions depuis une petite dizaine d'années (La Guerre des Mondes est à mes yeux son dernier...

le 31 déc. 2015

55 j'aime

20

Le Pont des espions
blig
9

L'espion qui venait du Droit

Un nouveau film de Steven Spielberg est toujours un évènement en soi. Quand en plus il met en scène Tom Hanks au cœur de l’échiquier de la Guerre Froide sur un scénario des frères Coen, c'est Noël...

Par

le 4 déc. 2015

54 j'aime

12

Du même critique

Die Hard - Belle journée pour mourir
cloneweb
2

Critique de Die Hard - Belle journée pour mourir par cloneweb

On ne va pas y aller par quatre chemins : Piège de Cristal, sorti en 1988, a inventé le film d’action des années 90. Bruce Willis lui doit sa carrière post-Clair de Lune et nous une tripotée de...

le 15 févr. 2013

171 j'aime

24

Prometheus
cloneweb
5

Critique de Prometheus par cloneweb

Ridley Scott est un réalisateur adulé mais pourtant, en y regardant de plus près, on se rend compte qu'il a quand même une carrière en dents de scie à tendance plongeante. Les premiers longs-métrages...

le 28 mai 2012

86 j'aime

20

Le Roi Lion
cloneweb
5

Critique de Le Roi Lion par cloneweb

Critique initialement publiée sur CloneWeb.net Tout a commencé en 1950. Oui, en 1950 quand Osamu Tezuka a publié les premières pages du Roi Léo dans le magazine Manga Shonen. Il était question d’un...

le 11 juil. 2019

83 j'aime

4