L'Allemagne déleste
Il y a en fait deux films dans ce Pont des Espions, et le plus réussi des deux n'est pas celui auquel on pourrait penser. La première partie est, de fait, bien mieux qu'une simple mise en place...
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le 9 févr. 2016
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C'est le boss, le patron.. Sans doute le meilleur réalisateur d'Hollywood à l'heure actuelle. Un metteur en scène capable de passer d'un genre à l'autre avec une facilité désarmante, de filmer la même année des dinosaures et les camps de concentration avec le même brio, de transformer une bande bande dessinée presque centenaire en un Indiana Jones des temps modernes. Steven Spielberg est de retour trois ans après Lincoln pour nous raconter une histoire vraie se déroulant pendant la Guerre Froide.
Écrit par les frères Coen (excusez du peu) et Matt Charman (qui avait déjà écrit Suite Française), Le Pont des Espions raconte un échange de prisonniers à Berlin en 1960. Les Américains ont en effet arrêté un espion sur leur sol quand, coté russe, un pilote d'un avion de reconnaissance U-2 destiné à prendre des photos aériennes se fait abattre. Le gouvernement ne voulant pas s'impliquer directement dans l'affaire fait appel à un avocat, celui-là même qui a défendu l'espion russe, pour négocier un échange. James B. Donovan décide, une fois sur place qu'il ne veut pas seulement libérer l'espion en question mais également repartir avec un étudiant américain, Frederic Pryor, arrêté par la police Est-allemande en pleine construction du mur de Berlin.
Après avoir évoqué les deux Guerres Mondiales ou l'élection du président Lincoln, Steven Spielberg revient une nouvelle fois à la fresque historique et fait appel à l'un de ses acteurs fétiches, le toujours très bon Tom Hanks. Le Pont des Espions s'ouvre une scène brillamment filmée où deux agents du contre espionnage américains suivent un espion russe présumé, sans qu'on sache vraiment qu'il est le gentil et qui est le méchant, avec une caméra qui virevolte dans d'un camps à un autre dans les rues et le métro new-yorkais, résumant bien la complexité de la situation géo-politique par l'image.
C'est ensuite que le bas va un peu blesser. Pendant une longue heure (sur 2h12), Spielberg va s'intéresser au procès de l'espion russe et à sa défense mise en place par le personnage de Hanks. Une interminable heure de blabla où des personnes âgées discutent en bras de chemise et bretelles dans des bureaux, rappelant les plus douloureux moments de Lincoln. Il faudra tout le temps d'écriture des frères Coen pour insuffler un peu d'humour dans les dialogues et l'incroyable talent du directeur de la photo Janusz Kaminski pour vraiment nous intéresser à ce qui se passe à l'écran. Qui plus est, l'absence de John Williams (remplacé par un Thomas Newman peu inspiré) se fait clairement ressentir.
Heureusement, une fois que Tom Hanks s'envole pour Berlin, la donne va changer. Même si le film va rester bavard (mais après tout, la Guerre Froide n'est-elle pas seulement une longue suite d'échanges diplomatiques ?), le spectateur va pouvoir se prendre au jeu de l'histoire grâce à de très bons acteurs et à une mise en scène très réussie. Ce qui ressort de cette deuxième partie, c'est d'ailleurs l'aisance avec laquelle Steven Spielberg filme Berlin coupée en deux et habilement reconstituée. Le film est une histoire vraie, on connait la fin mais le réalisateur de Cheval de Guerre parvient quand même à maintenir le suspens jusqu'au bout grâce à son talent de conteur d'histoires, concluant avec une série de scènes dont lui seul a le secret.
Au final, et malgré un démarrage un peu laborieux, Le Pont des Espions n'est pas l'un des plus grands films de Steven Spielberg. Ca ne l'empêche pas d'être une belle leçon d'Histoire.
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Créée
le 13 nov. 2015
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