Entre chaque épisode de Batman, Nolan décide de nous offrir un petit film pas pour autant négligé, au contraire. Il en profite pour revenir à son genre de prédilection, le thriller, sauf qu'ici, c'est par le biais de magiciens qu'il nous amuse. Des magiciens me direz-vous? mais ça n'a rien à voir avec ce qu'il fait d'habitude? Et bien si, vous connaissez Nolan maintenant, il s'attaque bien sûr à la noirceur des magiciens, les vide, comme dans Batman, de leur aura magique pour en faire des être humains normaux et bien sûr il arrive à traiter de son thème habituel, l'obsession d'un personnage.


Il est difficile de parler de ce film sans aborder 'l'autre' film de magiciens sorti quasi en même temps dans nos salles obscrures: "The illusionist". La différence est énorme. Si le premier cité est plus sombre, le second, avec un Edward Norton agaçant et une Jessica Biel sexy mais toujours trop habillée, est nettement plus 'joli' , 'gnangnan' et surtout 'cucul'.


Quel intérêt y a t il à voir un film de magiciens? deux possibilités me viennent à l'esprit : soit on enchérit à fond dans la magie, on n'explique rien, on a de vrais magiciens qui émerveillent autant les autres personnages que le spectateur ; soit on explique les trucs et astuces et on fait un film plus axé sur le rationnel. Nolan a opté pour la seconde partie. Le réalisateur de l’illusionniste n'a pas vraiment choisi. Il promet de révéler le tour ultime mais jamais il ne le montre. avons nous affaire à de vrais magiciens ou pas? On n'en est pas sûr, même si l'on nous bassine sans cesse pour nous dire non... En fait, l'erreur de l'illusionniste c'est d'avoir très vite mis de côté l'aspect intéressant du film (les magiciens/illusionnistes) pour se consacrer à une histoire d'amour trop mièvre et trop prévisible. Comme si la magie servait à nous raconter une histoire d'amour. Chez nolan, c'est l'inverse qu'il se passe. L'histoire d'amour de Hugh Jackman sert de point de départ à une rivalité sans limite. L'histoire d'amour n'est pas abandonnée, mais ce qui intéresse vraiment le réalisateur, ce sont ses deux personnages principaux qui s'auto et entre-détruisent pour leurs obsessions. Ce qu'il en ressort? un film assez sombre mais plein de bonnes surprises. Les histoires d'amour sont également traitées avec plus d'originalité et de cruauté que dans l'illusionniste.


Ceci étant dit, il faut tout de même faire remarquer que le film n'est pas parfait. En effet, on peut lui reprocher de reposer principalement sur ses twists, car une fois qu'on l'a vu, la deuxième vision est nettement moins jouissive. Le film ne repose pas que sur ses twists tout de même, heureusement, mais tout de même trop. Ici je me permets de comparer le film avec "The usual suspect". En effet j'y ai trouvé des similitudes, déjà par le fond : les deux films sont en fait un cours de dramaturgie (des méthodes différentes bien sûr). Comment raconter une histoire? en racontant des choses personnelles qu'on déforme et en s'inspirant de ce qui nous entoure (usual) ou selon une méthode rigoureuse du twist (prestige). La seconde n'est bien sûr à employer que modérément (n'est-ce pas James Wan?). D'ailleurs ce qui fait la force de "The usual suspect" c'est que le film ne repose pas sur le twist contrairement à "The prestige". Aujourd'hui, tout le monde sait notamment grâce à "Scary movie" que Kevin Spacey est le méchant de ce film, mais cela n'enlève rien au plaisir d'une narration parfaitement maîtrisée et aux différents enjeux du film. Bien sûr, vous me direz que "The prestige" DEVAIT finir sur des twist, puisque c'est censé démontrer cette méthode. Il est donc normal que le film repose essentiellement là dessus, mais n'aurait-il pas été possible d'avoir de bons twists tout en apportant plus? car comme le dit Christian Bale, le prestige ce n'est pas seulement être ébahi par quelque chose d'incroyable qui vient où on ne l'attend pas, mais bien aussi de vouloir être dupé, de vouloir regarder à côté, de se laisser transporter par la magie. Et c'est ce petit détail qui manque. Car à la fin, nous ne détournons pas les yeux, nous voyons au contraire la misère (magnifiquement orchestrée) de deux êtres détruits (enfin trois, même 6 en comptant les femmes). Mais bon cela ne condamne pas le film pour autant, le montage est impressionnant, les scènes superbes, les idées géniales (l'idée Tesla est vraiment vraiment bonne ! C'est un peu "Mes doubles ma femme et moi" rencontre "The dark knight"!)


Après cette longue et ennuyeuse critique, je ne peux que vous recommander de voir le film qui est un vrai bon petit thriller sympathique à regarder.

Fatpooper
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le 17 juil. 2011

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Fatpooper

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