Gentille
Etre venue de Normandie pour assister à une compétition de natation féminine, avoir payé cher son billet, organisé son hébergement, et se voir refoulée au motif que son sac à dos est trop volumineux...
Par
le 23 juin 2025
6 j'aime
1
Le modèle de Valentine Cadic, c’est Justine Triet, je pense, celle de La bataille de Solferino, quand elle filmait à la fois le fictif d’un chaos familial et le réel de l’élection de François Hollande : dans les deux cas c’était un bouillonnement. Cadic va choisir de filmer les Jeux Olympiques de Paris 2024 en y intégrant l’histoire d’une normande, gauche, désorienté, opaque, un peu malchanceuse aussi, venue pour l’événement, mais aussi pour revoir sa demi-sœur parisienne qu’elle a perdu de vue depuis dix ans.
L’idée était simple et belle, promise par cette actrice et ce personnage, très éloigné des stéréotypes. Que la critique enchaine – comme souvent dès qu’il s’agit de suivre des pérégrinations féminines – les comparaisons au cinéma de Rohmer, me paraît un tout petit peu exagéré, mais bon, le problème il est surtout dans cet agencement de réel et de fictionnel. La fièvre de l’instant, j’ai la sensation que Cadic ne sait pas trop comment le filmer. On ne croit pas en sa matière documentaire. Ça devait être une vraie galère à tourner, de toute façon, je pense que c’est un peu mission impossible ou une fausse bonne idée, au choix.
Valentine Cadic se donne donc beaucoup de mal pour faire vivre son film, sans doute face à cet événement qu’elle esquive mais aussi en contrepoint de son héroïne qu’on peut trouver très décalée et gentille, mais aussi très molle et passive (et pacifiste). Alors il faut du rebondissement : Blandine va garder sa nièce et faire la rencontre d’un électricien pisciniste. On va aussi lui interdire l’entrée à l’épreuve de natation qu’elle venait voir (espérant assister à la qualification de sa nageuse préférée : Beryl Gastaldello) pour cause de sac trop gros, la virer de son logement en dortoir à l’auberge car elle vient de passer l’âge maximum requis et bientôt se faire arrêter quand elle se trouve au cœur d’une manif anti-JO.
Ce qui m’a intéressé malgré tout c’est que le film se déconnecte rapidement des jeux olympiques, il se met au diapason de son héroïne, qui au fond s’en cogne : elle était juste venue voir une nageuse dont elle semble admirative et amoureuse, et revoir sa grande sœur, le reste c’est du folklore assez loin d’elle. J’aime aussi qu’il y ait aussi un mystère autour de son orientation sexuelle. Qu’on fasse presque acte politique de cette incertitude-là. J’aime qu’on ne sache rien du personnage au départ, que l’on apprenne à connaître Blandine au fil du récit, au gré de rencontres et confidences durant lesquelles elle se livre un peu.
Mais il me semble que le film fonctionne trop sur un système d’oppositions un peu vain : la sœur sympa contre la sœur égoïste, l’amour des Jo contre le rejet des militants écolo, la spontanéité des rencontres face au à une dimension plus mécanique, le Paris effervescent d’en bas contre celui plus apaisant d’en haut, l’immense place de l’Etoile face à cet appartement exigu, l’opulence face à la misère, la fête contre la solitude.
Globalement je trouve le film peu inspiré, étiré pour rien (un moyen métrage aurait suffi) et le personnage, malgré son extrême gentillesse et surtout son originalité – en tant que personnage principal – est assez insupportable, aussi. J’ai compris ce que certains pouvaient reprocher à Delphine dans Le rayon vert, je crois. J’aurais peut-être gagné à connaître Blandine avant, notamment dans le précédent film, un court métrage de Cadic, Les grandes vacances, dans lequel le personnage se retrouvait seul dans un camping d’été.
Alors c’est toujours mieux que L’esprit Coubertin, comédie pastilles sous fond de JO, mais il me manque quelque chose. De m’attacher à ses personnages d’une part, et un geste plus radical d’autre part, un glissement, un vrai imprévu. Le film me l’offre un peu, dans ses cinq dernières minutes, que j’ai trouvées très belles, ça se joue sur une posture, un sourire, la déambulation n’est plus la même, c’est très beau : Il y a un grand film sur la solitude caché là-dessous. Le reste m’a continuellement déçu.
Je pense que le film n’a pas gagné à ce que je le vois juste après avoir revu A l’abordage – on sent vraiment le sous Guillaume Brac, sans lui faire offense – et vingt-quatre heures après avoir découvert L’Aventura, de Sophie Letourneur, qui m’a impressionné à chaque plan. Mais ça reste un joli premier long, malgré tout.
Créée
le 24 sept. 2025
Critique lue 24 fois
1 j'aime
Etre venue de Normandie pour assister à une compétition de natation féminine, avoir payé cher son billet, organisé son hébergement, et se voir refoulée au motif que son sac à dos est trop volumineux...
Par
le 23 juin 2025
6 j'aime
1
rCe film témoigne du b....l que dût être Paris-Capitale pendant la durée de cet évènement planétaire que furent les Jeux olympiques de l'été 2024.Vous surprendrais-je si je vous disais que je n'en ai...
le 19 juin 2025
4 j'aime
Tourner à Paris durant les Jeux Olympiques 2024 était à la fois une gageure et un risque. Et en effet, l'on ne retrouve qu'une pincée de la fièvre estivale qui a saisi la France et sa capitale durant...
le 13 juin 2025
3 j'aime
J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...
Par
le 21 nov. 2014
35 j'aime
6
Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...
Par
le 24 juil. 2021
34 j'aime
5
Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...
Par
le 10 déc. 2013
28 j'aime
8