Au milieu des années 90, le cinéma d’horreur ne fait plus bander personne reléguant les zombies dans les méandres de la précédente décennie. D’une certaine façon Braindead de Peter Jackson sera le testament du cinéma gore en même temps que du festival d’Avoriaz qui tirera sa révérence pour se délocaliser dans la petit ville montagnarde de Gérardmer qui voit depuis débouler des hordes de cinéphiles chaque année prêt à braver le froid afin de sustenter leur appétit insatiable de films entre une fondu vosgienne et une part de tarte de myrtille en dessert avant d’aller pourrir les chiottes du casino. Un festoch' qui peine malheureusement à se renouveler faute d’un parc de salles suffisant et pas forcément de bonne qualité, 4 salles seulement dont le Paradiso qui souffre clairement de la comparaison avec les autres et ne permet pas de regarder un film dans les conditions d’un événement de cette importance. En faisant un bon de 30 ans en arrière, la sélection permet d’ailleurs de nous renseigner sur l’état de santé du genre avec des productions un peu trop formatés à l’esthétique télévisuelle de l’époque avec pour conséquence de tomber rapidement dans l’anonymat et que l’on retrouve parfois dans des bacs de DVD à 1 euros l’unité (Ticks, Cronos). Le Retour des Morts-Vivants 3 fît néanmoins son petit effet en remportant le prix du public, preuve s’il en est qu’il restait encore une poignée d’irréductibles cinéphiles toujours aussi amateur de chaire putréfiée. Et à l’image de son couple d’adolescent, Brian Yuzna tient à s’émanciper de l’humour parodique initié par Dan O’Bannon avec le succès qu’on lui connaît avant que Ken Wiederhorn ne s’en fasse le fossoyeur en se vautrant dans ses gaudrioles, à tel point qu’il paraissait invraisemblable de voir un jour une suite pointer le bout de sa carcasse.


Brian Yuzna nous offrait alors ce qui sera son chant du cygne avant un rapide déclin à peine atténué par l’euphorie suscité par son Beyond Re-Animator en 2003. Malgré un bon accueil critique en Europe, cette conclusion sera un échec lors de son exploitation aux Etats-Unis scellant pour au moins 10 ans le sort des morts-vivants. Pourtant Le Retour des Morts-Vivants 3 constitue le meilleur opus d’une saga dont il reprend les fameux fûts de Trioxine 1-3-5 renfermant le gaz qui permet de ramener les corps à la vie. Ce produit est désormais entre de bonnes mains (ou presque), bien que l’armée souhaite l’employer pour constituer une armée de soldats invincible afin de les envoyer combattre les talibans. Malheureusement le procédé n’est toujours pas au point et pousse les ranimer à dévorer les vivants qui se retrouvent dès lors infectés et transformés à leur tour à l’état de zombie. Un pitch assez classique qui reprend le mythe traditionnel initié par Georges Romero, à la différence près que le défunt est capable de conserver une partie de ses facultés mémorielles en plus de ses fonctions motrices ce qui lui permet de parler et de se comporter à peu près normalement, du moins quant il ne se jette pas comme une bête féroce sur le premier morceau de barbaque venu. Cette transformation, c’est celle que va subir la pétillante Julie décédé brutalement dans un accident de moto. Frappé par le chagrin, Curt va donc infiltrer la base de son père pour réanimer sa bien aimée qui va peu à peu se transformer et générer autour d’elle une épidémie aux proportions apocalyptique.


Evidemment Le Retour des Morts-Vivants 3 ne serait rien sans sa magnifique galerie de cadavres ambulant qui finiront démembrer, exploser, ou déchiqueter par des objet tranchants ou des rafales de balles à bout portant. Si ces nombreuses séquences gore participeront à forger sa réputation, le réalisateur aborde son histoire comme une romance impossible, sorte de Romeo et Juliette érotico macabre qui tient d’ailleurs beaucoup à l’interprétation de son couple de protagonistes, Curt d’abord, croisement entre Edward Furlong et Ryan Gosling, un ado en rébellion contre l’autorité de son paternel qui désavoue sa relation amoureuse contrarié par ses nouveaux plans de carrière suite à l’échec de son projet militaire. Mais surtout Julie véritable star du film autant pour sa caractérisation que pour son hyper-sexualisation. Cette dernière qui possède les yeux et le petit minois de Eva Green, tentera de freiner ses instincts carnassier par des séances SM d’auto-mutilation qui resteront à la postérité, si bien que l’on finira par éprouver beaucoup d’empathie pour elle à mesure de sa transfiguration, partagé entre ses dilemmes moraux et son appétit insatiable pour les cerveaux. Cette idylle est donc au centre de tout le film qui reprend le mythe d’Orphée à son compte et qui ne pourra aboutir que par la mort de son couple d’amants unis dans la vie comme dans l’au-delà.

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le 16 févr. 2024

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