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« Le retour du héros » est un bon film, drôle et intelligent, qui hélas drainera moins de spectateurs en salles que « la ch’tite famille » ou « les Tuche », qui n’apportent aucune surprise et ne demandent aucune réflexion avec leurs gros gags et têtes d’affiche. Dommage, car c’est bien un film en costumes, mais avec un langage et un affrontement entre un homme et une femme tout à fait moderne.
Juste après avoir obtenu la main de Pauline, le capitaine Neuville est appelé à la guerre. Il promet de lui écrire, mais ne le fera pas. Sans nouvelles de son promis, la jeune fille dépérit. Elisabeth prend les choses en main en écrivant à sa sœur (de la main gauche) une lettre d’amour du capitaine… et la jeune fille aussitôt reprend vie. Mais elle répond à son amoureux, si bien qu’Elisabeth, prise à son propre piège, doit poursuivre la correspondance, racontant la suite des aventures extraordinaires de Neuville, comme un auteur le ferait avec son personnage ; tout le village considère bientôt le capitaine comme un héros. Trouvant le temps long, la grande soeur invente alors une blessure grave et une lettre d’adieu. Pauline s’aperçoit alors qu’un charmant et timide voisin ne demande qu’à la consoler.
Pauline étant mariée et mère de deux enfants, Elisabeth est toujours indépendante quand elle croise par hasard le capitaine Neuville. Il est de retour, misérable, puant, quasiment un clochard… et lui avoue qu’il a déserté. En échange d’une somme d’argent, il promet de disparaitre, parole qu’il ne tient pas. Elisabeth cherche alors comment se débarrasser de cet encombrant personnage qu’elle a contribué à créer pour sa famille et tout le village.
« le retour du héros » est une très bonne comédie, qui se paye le luxe de faire des clins d’œil à d’autres films en costumes plus classiques : dès le début, les héros se font habiller comme Valmont et Merteuil au début des liaisons dangereuses de Stephen Frears. Plus loin, la sœur tombe malade après s’être enfuie sous la pluie, scène de « raison et sentiments ». Ce n’est pas juste le thème qui revient mais aussi la manière de filmer qui parodie le film original.
On reconnait aussi des références à Cyrano, qui écrit des lettres pour quelqu’un d’autre, et peut-être à Bel ami pour la scène du duel. Elisabeth ressemble à une héroïne de Jane Austen, indépendante, caustique et intelligente. Molière et Marivaux ne sont pas loin non plus pour l’aspect théâtral du film et les seconds rôles.
J’ai apprécié d’abord le jeu et les dialogues dynamiques des acteurs, le face à face entre le personnage arrogant joué par Alexandre Jardin, qui se retrouve face à une femme lucide et fine, interprétée par Mélanie Laurent.
Je retiens encore plus la situation amusante du créateur dépassé par sa création. Elisabeth est une bonne romancière, Neuville va être un bon acteur, enchanté de jouer son rôle de personnage de roman d’aventures : oui, il a affronté seul deux mille Anglais ; oui, il a élevé un troupeau d’éléphant, sauvé de la noyade des enfants... et il en rajoute au passage : il a une mine de diamants… Imaginons qu’on s’ennuie dans la campagne, ce n’est pas souvent qu’on peut assister à un tel one man show ! On ne demande qu’à le croire, il n’a qu’à dire oui à tout ce qu’on lui propose : logement, femmes, investissement financier… C’est lui la vedette. Jusqu’où ira-t-il avant d’être démasqué ?
Mais le personnage de lâche se montre finalement touchant quand il parle de ce qu’il a réellement vu à la guerre…
Sandrine