A Sym, un petit village reculé des montagnes Talyches, entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, un réparateur de télévision dépoussière son vieux projecteur soviétique dans l’espoir de faire revivre le cinéma de son village et d’y réunir ses habitants.
Pour son premier long-métrage, Orkhan Aghazadeh nous offre un regard bienveillant et attendrissant, ainsi que de magnifiques portraits, ceux de Samid et Ayaz, qui malgré leur différence d’âge (50 ans d’écart), sont unis par une passion commune, celle du cinéma. Tous les deux vont s'entraider pendant de longs mois pour permettre à l’un comme à l’autre de réaliser leur rêve. Le premier, Samid, un ancien projectionniste, à obtenir la fameuse ampoule qui lui permettra de redonner vie à son projecteur, le second, Ayaz, un adolescent qui réalise des films d’animation.
On découvre deux cinéphiles passionnés qui vont se démener pour parvenir à leurs fins, malgré les nombreux obstacles qui vont se succéder. On les retrouvent dans des situations cocasses, notamment à dos d’âne, parcourant les collines qui surplombent leur village, à la recherche de wifi, parfois en pleine nuit, éclairé par leurs lampes frontales, essayant tant bien que mal de mener à terme leurs recherches sur internet pour trouver le Saint Graal, à savoir l’ampoule (en provenance Lituanie) tant désirée pour permettre la projection de films.
Quand Samid mène ses recherches pour dénicher des vieux films indiens, Ayaz réalise des films et confectionne un mini-projecteur portatif (fonctionnant avec son smartphone et une loupe). La passion qui les anime semble ne plus avoir aucune limite et la relation qui les unie est particulièrement touchante, notamment aux yeux de Samid qui y trouve du réconfort, lui qui a perdu son fils Polad, âgé de 29 ans.
Quand l’ampoule trouve enfin son nouveau refuge et que le film tant désiré est enfin trouvé, on s’amuse de voir Samid demander à certains membres du village l’approbation afin de savoir si ce dernier ne risque pas de bouleverser les moeurs des uns et des autres. Et lorsque le moment fatidique est enfin là, quel bonheur de voir les villageois tous réunis dans la salle des fêtes pour découvrir le film, aux doux bruits du projecteur 35mm.
Mais les problèmes ne sont jamais bien loin, comme lorsqu’ils découvrent que le film n’est finalement pas doublé en azéri, contraignant Ayaz à le doubler en direct pendant la projection, sans parler des bobines manquantes, obligeant Samid & Ayaz à improviser, en réalisant en animation la fin du film ou lorsqu’ils projettent par mégarde l’une des bobines à l’envers).
Mais tout cela n’est pas bien grave, car le bonheur se lit sur le visage des enfants lorsque la magie de la projection opère.
« Je fais tourner le projecteur rien que pour le son, pour moi, c'est comme une berceuse. »
Le Retour du projectionniste (2024) est un magnifique documentaire, dévoilant par la même occasion, une très belle relation vue par le prisme du cinéma et cette entraide au sein du village où tout le monde est mis à contribution (notamment les femmes qui vont coudre des bouts de tissus pour permettre la réalisation de la grande toile pour la projection).
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