Deux ans après la sortie du sympathique Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E, Guy Ritchie s’attaquait ici à la légende du Roi Arthur et de sa célèbre épée, l’Excalibur. On y suit ici le parcours d’Arthur, de son éducation à la dure dans les rues de Londinium jusqu’à son accession au trône après avoir défait son oncle Vortigern, ce dernier ayant tué son propre frère pour pouvoir accéder au pouvoir. Il s’agissait du deuxième grand mythe anglo-saxon auquel Guy Ritchie se prêtait après les aventures de Sherlock Holmes, et de son dernier projet avant l’adaptation en live action du mythe universel d’Aladdin.
Ce film, résolument un face à face de plus de 2 heures entre Arthur et Vortigern, puise sa force dans une construction épique dingue, la plus Ritchie-esque qui soit, du premier au dernier plan : le mixage sonore est assourdissant, le scoring est une nouvelle fois excellent, Daniel Pemberton continuant son excellent travail déjà entrepris sur U.N.C.L.E ou encore Steve Jobs, et le montage est effréné, proposant quelques magnifiques moments tels que l’éducation d’Arthur dans les rues londoniennes, sa formation dans les Terres Obscures ou encore son arrivée au château. Comme très souvent dans les films de Ritchie, les acteurs sont excellents, Charlie Hunnam étant dans la lignée de sa très bonne performance dans The Lost City of Z (et dégageant au passage un flow exceptionnel), et Jude Law, désormais habitué aux mythes anglo-saxons après avoir campé le docteur Watson dans les deux précédents Sherlock Holmes de Guy Ritchie avant d’incarner le jeune Albus Dumbledore dans la suite des Animaux Fantastiques, est réellement convaincant en bad guy. De plus, l’évolution des deux personnages est bien amenée tout au long du film, avec quelques très beaux plans miroirs.
Néanmoins, cette exagération épique très volontaire amène à une démystification complète du mythe originel, ainsi qu’à de grosses facilités scénaristiques. Paradoxalement, les plans larges utilisés n’arrivent pas à retransmettre la proportion épique de la bataille, et bien que l’évolution des deux principaux protagonistes soit bien traitée, les personnages restent de l’ordre du très classique, du héros refusant de reconnaître ses responsabilités au méchant jaloux, assoiffé de pouvoir et prêt à tous les sacrifices. Les personnages secondaires restent quant à eux très anecdotiques.
En résumé, ce King Arthur est un vrai film de Guy Ritchie, plus clivant que jamais, avec une vraie folie dans sa façon de conter l’histoire qu’on ne retrouve malheureusement pas dans la construction des personnages, et j’espère que le réalisateur britannique sera autorisé à garder ce grain de folie pour pimenter les jusqu’ici trop sages (pour ne pas dire trop moyens) live actions Disney.