Début des années 2000, Dario Argento revient avec un giallo, genre auquel il a fortement contribué depuis trois décennies mais qui s’est depuis bien essoufflé. Après s’être essayé à des thrillers plus "modernes" et une adaptation pittoresque du Fantôme de l’Opéra, il retrouve son co-scénariste Franco Ferrini, absent de ce dernier, et livre une espèce de melting-pot de ses gialli précédents, une histoire de meurtres tournant autour d’animaux et une enquête menée par un ancien flic à la mémoire défaillante et du fils d’une victime devenu grand dans le Turin du début de la décennie.


Le Sang des Innocents marque la chute évidente du grand maître de l’horreur, vieillissant, perdu dans une époque plus contemporaine et plus exigeante, même si ses talents de metteur en scène avaient déjà été mis à rude épreuve durant les années 90. On sent donc le réalisateur essoufflé, peinant à retrouver sa maestria d’antan, sa mise en scène étant désormais ici assez factuelle pour ne pas dire presque télévisuelle. L’interprétation n’ayant été vraiment le fort de sa filmographie, le casting parait quelque peu risible hormis un Max Von Sydow malicieux en vieux briscard tenace atteint d’une forme légère d’Alzheimer.


Non, ce qui sauve Le Sang des Innocents, c’est bel et bien son scénario : conventionnel, un brin prévisible et malheureusement mal rythmé, il parvient pourtant à nous tenir en haleine grâce à des meurtres toujours plus graphiques et originaux et quelques élans de mise en scène aussi brefs que bienvenus à l’instar de ce long prologue dans le train (certes ringard et illogique sur bien des aspects mais fortement prenant) ou encore ce mini plan-séquence suivant les pas d’une troupe de danse sur un tapis avant de dévoiler efficacement un nouveau crime. Le long-métrage aurait également pu bénéficier de certaines coupes afin d’être plus limpide et moins rasants par moments (presque deux heures de bobine tout de même).


Au final, Dario Argento nous livre un quinzième long-métrage tout au plus satisfaisant à défaut d’être fabuleux, sonnant hélas clairement le glas artistique de son auteur qui s’embourbera définitivement dans le n’importe quoi (ses deux incroyables participations à "Masters of Horror" exclues).

MalevolentReviews
5

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Dario Argento

Créée

le 2 juin 2020

Critique lue 179 fois

1 j'aime

Critique lue 179 fois

1

D'autres avis sur Le Sang des innocents

Le Sang des innocents
Play-It-Again-Seb
7

La patte du maître

Après la sortie de route que constitue Le Fantôme de l’Opéra et avant plusieurs ratés, Dario Argento signait un retour aux sources avec ce pur giallo dont le titre français ridicule challenge presque...

Par

le 3 nov. 2023

6 j'aime

3

Le Sang des innocents
Jibest
8

Le Chant du Cygne avant sa décapitation

Dario Argento a longtemps cherché à surprendre et à innover dans les codes du giallo qu'il a à moitié inventé. Les années 90 ont été riches en originalité mais peu concluantes : introduction de sa...

le 5 nov. 2012

6 j'aime

3

Le Sang des innocents
AMCHI
6

Critique de Le Sang des innocents par AMCHI

Sans être mauvais je m'attendais à mieux de la part de Dario Argento, il y a une certaine ambiance (quelques scènes sanglantes font leur effet) mais j'imaginais une atmosphère plus envoûtante mais...

le 25 janv. 2015

4 j'aime

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

43 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

39 j'aime

10