Avant de sortir le fusil pour dessouder des nazis amateurs du lance-flamme, Philippe Noiret avait déjà tourné pour Robert Enrico dans ce film de 1974. Il n'est pourtant pas le personnage principal, jouant le compagnon de Marlène Jobert. Il laisse sa place à Jean-Louis Trintignant dans un rôle génialement étrange. En effet, l'acteur incarne un homme s'étant évadé. On pourrait penser à une prison, un hôpital psychiatrique ou à quelque chose de plus secret. Il se sent observé de partout et pense qu'on le recherche parce qu'il sait trop de choses.
Il rencontre un couple qui va l'aider à s'échapper. Si Noiret semble le croire aveuglément, Jobert a de plus en plus de mal à penser qu'il ne s'agit pas d'un dangereux criminel en fuite. Enrico est assez malin pour ne pas donner toutes les cartes, laissant le spectateur se faire sa propre opinion au même titre que le couple. Même s'il a plus de cartes qu'eux au fil du film.
En revanche, tout le monde aura la solution à la fin dans un suspense incroyable et extrêmement bien géré. Les nerfs lâchent, la paranoïa est partout, les morts commencent à pleuvoir de partout et les flingues tirent. Sur qui ? Vous le saurez en regardant Le secret, film typique du cinéma français des 70's. Une période où des cinéastes n'hésitaient pas à s'engager sur des sujets poil à gratter, quitte à dézinguer les pouvoirs en place d'ici ou d'ailleurs. Autant dire qu'Enrico n'y va pas de mains mortes, sous couvert de faire un film à suspense.
Quand un homme se fait tuer, il n'est qu'un anonyme de plus qui s'accumule sur le carnet et ce avec une certaine froideur. Le trio d'acteurs est parfait, chacun étant une pièce spécifique du puzzle. Sans compter la musique d'Ennio Morricone qui confirme que sa période française a de bien belles pépites ici et là et ne se résume pas au Professionnel (1981).