En soit, je devrai aduler Le Secret de la Petite Sirène puisqu'il est le dernier produit de DisneyToon Studios à être dérivé d'un Grand Classique Disney en tant que suite, midquel ou prequel. C'est le symbole de la fin d'une ère épouvantable pour la boîte aux grandes oreilles grâce à l'arrivée de John Lasseter chez Disney en tant que chef artistique.
C'est d'ailleurs lui qui décalera la sortie en vidéo de ce prequel à La Petite Sirène d'une année afin que l'animation soit davantage travaillée. Et si ce décalage a effectivement permis au film d'être présentable sur le plan visuel, on ne peut pas en dire autant du scénario.


Sans être aussi fainéant que La Petite Sirène 2: Retour à l'Océan, ce troisième film ne vole pas bien haut du point de vue de son écriture et possède même le pitch de base le plus stupide jamais vu dans un dessin animé de DisneyToon Studios. D'autant plus dommage qu'il y avait là le potentiel d'expliquer la haine de Triton envers les humains dans le premier film. L'introduction nous laisse le temps d'avoir de l'espoir avant de couler net. Bien des années avant le premier volet, le Roi Triton a perdu sa femme lors d'un accident, cette dernière ayant été tuée par des pirates alors qu'elle remontait à la surface pour récupérer la boite à musique que lui avait offert son mari. Un individu normal désignerait les humains comme responsables de ce meurtre mais pas le vieux qui décide plutôt à la place de bannir la musique de son Royaume pour l'éternité. Dès lors, l'espoir se meurt. Impossible que le scénario s'améliore après une introduction aussi incroyablement débile. Et il ne s'améliore pas.


Il se paie même le luxe de trahir les personnages du premier film alors que cette mission ne devrait pas être bien compliquée. Ariel est perçue ici comme une adoratrice ultime de la musique (qui n'aura pourtant aucun mal à oublier d'aller au concert donné en son honneur dans La Petite Sirène), Polochon est lui aussi "branché musique" et assez décontracté (tout le contraire de son caractère de petit peureux dépendant d'Ariel) et Sébastien devient facilement le compagnon de fuite d'Ariel (là où il se plaignait dans le premier film d'espionner la sirène en question).
Le seul nouveau personnage important à figurer dans ce prequel est Marina Del Rey qui, il faut bien le dire, fait pâle figure devant la classe d'Ursula et même de sa bête copie, Morgana. Totalement insipide, cette nouvelle méchante n'a quasiment rien à voir avec l'intrigue du film et n'a qu'un objectif: prendre le poste de Sébastien. Palpitant.


Avec une histoire aussi ratée, les personnages font peine à voir tant les enjeux sont idiots. Le film n'est même pas foutu de donner une bonne origine à la relation entre Ariel et Polochon. Ce dernier est totalement effacé et ne semble pas plus ami avec la sirène qu'avec n'importe quel animal de la bande de fuyards. Même la série animée de 1992 avait créé en deux minutes un meilleur background pour les deux amis inséparables que ce prequel en 1h10. Nous avons là une origin-story qui ne sert à rien et qui traite très mal quelques sous-intrigues éventuellement intéressantes (la mère d'Ariel).


Pour un film aussi centré sur l'importance de la musique, Le Secret de la Petite Sirène rend pourtant le pire des hommages envers cet art. La bande-originale est d'une mollesse jamais entendue auparavant. Aucune chanson ne décolle, aucune envolée, aucune explosion, on s'endort littéralement devant chaque séquence chantée. La palme revient à la chanson de la méchante impressionnante d'ennui et de fainéantise. La scène est tellement chiante qu'on s'amuse à la place à repérer les faux raccords (Del Rey trempant ses doigts dans une coupelle d'eau, on est sous l'océan je vous le rappelle!).


Bien que moins raté que le deuxième volet, Le Secret de la Petite Sirène est un prequel d'un ennui mortel en plus d'être d'une stupidité aberrante. Il n'en fallait pas moins pour nous rappeler pour la dernière fois en quoi les suites de DisneyToon Studios doivent être impérativement oubliées. Si vous voulez connaître les origines de La Petite Sirène, revoyez plutôt la série de 1992 du même nom qui, malgré ses défauts, arrivait bien mieux à capter l'esprit du film de John Musker et de Ron Clements.

Walter-Mouse
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes (Top) Les suites animées DisneyToon Studios et Ma collection DVD/Blu-Ray

Créée

le 19 avr. 2016

Critique lue 1.4K fois

23 j'aime

7 commentaires

Walter-Mouse

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

23
7

D'autres avis sur Le Secret de la Petite Sirène

Le Secret de la Petite Sirène
Yatsuki
8

Un seul reproche...

Le seul reproche que l'on peut faire à cet opus de la Petite Sirène, c'est la voix de Sébastien... une voix de "petit nègre" sortie tout droit des caricatures les plus extrêmes ! En dehors de ça...

le 20 mai 2011

2 j'aime

Le Secret de la Petite Sirène
AurélienBoucher
4

Critique de Le Secret de la Petite Sirène par Aurélien Boucher

Imaginez une époque bien antérieure à sa rencontre avec Éric, où la musique était interdite au royaume sous-marin d'Atlantica. Tiraillée entre ses devoirs familiaux et son amour de la musique, Ariel...

le 26 mai 2023

1 j'aime

3

Le Secret de la Petite Sirène
DavidRumeaux
3

Le secret de la Petite Siréne !

Derniére suite signée DisneyToon, Le secret de la Petite Siréne cristallise à peu prés tous les défauts des suites Disney… Dans le royaume d’Atlantica, la musique est interdite. Mais Ariel, ou même...

le 14 août 2021

1 j'aime

Du même critique

Star Wars - Les Derniers Jedi
Walter-Mouse
7

Girouette

Conséquence inévitable de la fermeture brusque de l'Épisode VII, Les Derniers Jedi s'ouvre sur un texte défilant dont le contenu est à peu de choses près exactement le même que celui du Réveil de la...

le 14 déc. 2017

197 j'aime

50

Solo - A Star Wars Story
Walter-Mouse
5

Qui a éteint la lumière?

Légère entorse à la règle. Kathleen Kennedy rompt temporairement sa promesse de ne lancer des films indépendants dérivés de l'univers Star Wars qu'à partir de sujets originaux pour consacrer son...

le 23 mai 2018

127 j'aime

28

Coco
Walter-Mouse
9

Ce n'est qu'un au revoir

Coco pourrait très bien marquer un tournant dans l'histoire de Pixar. Jusqu'à présent, le studio de Luxo Jr. s'était toujours spécialisé dans les œuvres contemporaines au regard porté sur l'avenir et...

le 26 nov. 2017

111 j'aime

6