« That thing out there, an atomic bomb... Is your god ? » JOHN BRENT

Le studio 20th Century Fox, associé avec le producteur Arthur P. Jacobs pour plusieurs films, sort en décembre 1967 et février 1968, deux films du producteur : Doctor Dolittle et Planet of the Apes. Si le premier est un échec, le second connait un colossal succès critique et public. Le film obtient également un oscar d'honneur pour le maquillage des singes réalisé par John Chambers. Le vice-président des opérations de production de la Fox demande alors à Arthur P. Jacobs de produire une suite. La Fox a alors besoin de capitaliser sur une réussite après l'échec au box-office des différentes comédies musicales onéreuses qu’ils ont produit.

Arthur P. Jacobs se tourne donc vers les deux hommes à l'origine du succès du premier film : le romancier Pierre Boulle (auteur de La Planète des Singes) et Rod Serling (scénariste du premier film). Boulle rédige donc un scénario titré La Planète des Hommes. Cependant cette suite est rejetée sans même une tentative de réécriture. Serling ébauche lui quelques grandes lignes d'une histoire, mais ses idées ne plaisent. Le co-producteur Mort Abrahams, et ami de Arthur P. Jacobs, décide donc de se mettre à l'écriture du scénario lui-même.

Pour aider Mort Abrahams sur le scénario, Arthur P. Jacobs embauche le poète et écrivain Paul Dehn. Ce dernier rédige le scénario tandis que Abrahams apporte ses idées. La première version du scénario est finalisée, elle met en scène une civilisation souterraine de mutants télépathes vouant un culte à une bombe atomique.

Héros majeur et inoubliable du premier film, Charlton Heston ne veut pas revenir. Il ne veut pas se répéter dans le même rôle. Cependant, devant l'insistance de son ami Richard D. Zanuck (producteur chez 20th Century Fox), Heston finit par accepter, mais à contrecœur. Il pose deux conditions : son apparition sera brève et son personnage devra mourir dès le début, il indique également qu'il souhaite donner son salaire à une œuvre caritative. N'ayant pas le choix, les producteurs acceptent mais obtiennent après négociation que le personnage disparaisse dès les premières scènes pour réapparaitre dans le final.

Arthur P. Jacobs souhaite le retour du réalisateur Franklin J. Schaffner en plus de celui de Charlton Heston mais celui-ci travaille sur un autre projet de la Fox : Patton. Arthur P. Jacobs engage alors le réalisateur de télévision Don Medford mais celui-ci, déçu par le projet, le quitte rapidement. Le producteur se tourne donc vers le réalisateur de télévision Ted Post. À son tour, Ted Post se trouve déçu et en désaccord, mais contrairement à Medford, il accepte de réaliser le film, malgré ses réserves.

Le budget du film est revu à la baisse par rapport au premier opus. De près de 6.000.000$ il passe à seulement 3.000.000$. C'est un vrai défi pour William Creber le directeur artistique.

C’est aussi un défi pour John Chambers, le créateur des maquillages simiesques du premier film qui revient comme concepteur des maquillages spéciaux. Cependant, comme il travaille sur plusieurs projets en même temps, ce sont les maquilleurs Dan Striepeke et Werner Keppler qui chapeautent particulièrement le travail. Se servant des moules du premier film, l'équipe de maquillage peut produire rapidement toutes les prothèses nécessaires aux singes. Le travail est toujours impeccable (surtout la scène avec les singes dans le sauna), on ne remarque même pas que Roddy McDowall ne reprend pas son rôle de Cornélius.

Jerry Goldsmith, le compositeur du premier film, a suivi Franklin J. Schaffner sur Patton. La 20th Century Fox confie à Lalo Schifrin le soin de composer la partition. Celui-ci doit cependant renoncer car il est déjà en charge de huit (!) autres projets de film pour la Fox. Les responsables du studio confient finalement la musique du film à Leonard Rosenman. Après son premier visionnage du film, Rosenman trouve immédiatement l'inspiration pour une partition singulière qui ne sera, à mon sens, jamais aussi bonne que celle du premier.

Beneath the Planet of the Apes, de son nom définitif, sort en mai 1970 et arrive le mois suivant, chez nous, en France.

Un vaisseau spatial américain comprenant trois hommes à bord, s'écrase en plein désert. Seul deux hommes ont survécu. Ils ont été envoyés sur la même trajectoire que la mission de George Taylor, héros du premier film. John Brent, l'un d'eux, pense qu'ils ont traversé une courbe dans le temps et qu'ils se trouvent désormais en 3955 sur leur Terre. Il est plus perspicace que les héros du film précédent. Le capitaine de l'expédition meurt peu après, et alors que John Brent l'enterre, il voit au loin Nova qui déambule seule sur son cheval. Elle porte autour du cou la plaque d'identité militaire de George Taylor. Brent lui demande donc de le conduire auprès de Taylor, mais c’est auprès de Zira et Cornélius qu’ils vont se rendre.

Les producteurs souhaitent pour le rôle de John Brent, Burt Reynolds, mais celui-ci refuse. Ted Post recrute alors James Franciscus notamment pour sa ressemblance avec Heston, et oui, c’est juste un Charlton Heston du pauvre. Il formera un duo avec Linda Harrison qui reprend son rôle muet de Nova.

La première partie du film est donc une pâle copie du Planet of the Apes de Franklin J. Schaffner avec un casting bien moins clinquant et des idées qui ne sont plus inédite. Cela reste tout de même un récit assez sympathique.

Cela se corse dans la deuxième partie du film où les mutants arrivent dans le récit. Je n’aime pas la direction artistique, je n’aime pas le jeu des acteurs, je déteste les sons qui nous anéantissent les oreilles, je n’aime quasiment rien de cette partie où on oubli complètement la présence et l’utilité des singes dans le récit.

Déjà présent dans le premier film, le thème de la guerre nucléaire est à nouveau abordé par les scénaristes. C’est même le noyau du film. D’ailleurs le scénariste Paul Dehn, ancien officier des opérations spéciales durant la Seconde Guerre Mondiale, s'était déjà intéressé au sujet des radiations et de la bombe atomique à travers des œuvres poétiques. Paul Dehn veut montrer à une humanité qui a alors peur d'une guerre nucléaire ce qu'elle peut devenir si elle en arrive là. L’arme nucléaire est considérée comme le Dieu de la paix par les mutants. C'est par cette symbolique que le scénariste dénonce la politique de dissuasion et prolifération nucléaires pendant la guerre froide. La fin du film qui montre la destruction de la planète Terre par l'arme nucléaire est d'ailleurs l'un des dénouements les plus sombres de film de science-fiction.

Paul Dehn a l'idée de présenter le culte des mutants comme une sorte de messe noire. La Cathédrale Saint-Patrick de New York n'étant plus dédiée à Dieu mais à la bombe. Cette subversion de la religion catholique est complétée par la présence de croix inversées et par les vêtements liturgiques des mutants. L'imagerie catholique est également utilisée lors de l'illusion créée par les mutants pour effrayer l'armée des singes.

Autre sujet, la scène de la manifestation en position assise des chimpanzés contre la guerre est imposée par Mort Abrahams au réalisateur Ted Post. Cette détermination à inclure cette séquence peut être vue comme un soutien de Abrahams au désengagement américain de la guerre du Vietnam.

Le réalisateur Ted Post impose, de toute façon, peu sa personnalité dans Beneath the Planet of the Apes. Cela reste pour lui une expérience très difficile surtout à cause d'un scénario confus d'où il faut tirer un concept, un point de vue, une force unificatrice. Il a bien demandé une réécriture, mais les producteurs la lui l'ont refusée. Ted Post estime cependant avoir fait du mieux qu'il pouvait avec ce qu'on lui a donné : un scénario qui donne trop dans la science-fiction.

C’est quand même dommage parce qu’il y avait de bonnes idées. Il me plait à imaginer quelques fois les scénarios de Rod Serling ou de Pierre Boulle. D’ailleurs le scénario de Boulle est trouvable sur le net, mais j’ai décidé de ne pas le lire.

Beneath the Planet of the Apes est loupé, mais le film trouve son public. Il rapporte 19.000.000$ pour un budget de 3.000.000$. La réussite financière du film permettra la mise en chantier de plusieurs suites bien plus intéressantes.

StevenBen
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Créée

le 20 janv. 2023

Modifiée

le 13 mai 2024

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Steven Benard

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