The Secret of My Success bénéficie de la pertinence thématique et rythmique d’Herbert Ross, tant sa mise en scène dynamique, prolongeant le succès de Footloose (1984), participe à la satire de la grande entreprise capitaliste américaine, des cadres que l’on y consacre et des petites mains qui s’y affairent : voir des foules d’hommes d’affaires portant costume trois pièces et mallette avancer au même rythme dans un espace urbain aux lignes géométriques rigoureusement dessinées, articulant l’horizontalité de la marche à la verticalité des immeubles et des rapports hiérarchiques, conçoit la modernité telle une illusion déshumanisante, à l’opposé de la simplicité rustique d’un Kansas représenté par le biais d’une exploitation agricole. Le cinéaste convoque ainsi des stéréotypes avec lesquels il joue, en témoigne la séquence d’arrivée de Brantley Foster où se déroule un braquage sur fond de guerre de gangs, parodie des polars new-yorkais ; ce décalage tonal se retrouve ailleurs, comme lorsque la tante infidèle est en pleine lecture d’un roman de Colette, Chéri (1920), dans lequel une cinquantenaire entretient une liaison avec un jeune premier.
Ross ne cesse de dialoguer avec d’autres œuvres ayant, avant lui, ressenti l’insupportable dictature sociale des apparences, pour mieux leur opposer la toute-puissance du désir : le quiproquo géant peu de temps avant la clausule, tout droit emprunté au vaudeville, fait circuler dans la somptueuse demeure du chef d’entreprise des personnages en pyjama ou chemise de nuit, relié les uns aux autres par un même goût pour l’amour quelle que soit sa forme (fidèle ou infidèle). Aussi n’hésite-t-il pas à figurer des fantasmes par la conception de séquences aguicheuses : le coup de foudre de Foster découvrant pour la première fois Christy prend des allures de publicité érotique, le voyage en limousine procède par métaphores sexuelles successives, la baignade adultérine est perçue par Foster telle une menace similaire au requin de Jaws (Steven Spielberg, 1975), musique de John Williams à l’appui. On s’amuse beaucoup devant The Secret of My Success, divertissement intelligent que portent avec talent des comédiens chers aux années 80, Michael J. Fox en tête.