Film américain du français Maurice Tourneur, nommé Le secret du bonheur pour l'exploitation en France, Victory est une adaptation de Joseph Conrad (auteur de Heart of the Darkness, support pour Apocalypse Now). Sa nouvelle Victory (1915) sera portée à l'écran à nouveau en 1996, avec Jean Yanne et Willem Dafoe. Victory de 1919 oscille entre aventure et thriller. Il fait partie d'un courant littéraire et cinématographique prenant pour toile de fond 'the South seas', promettant de l'émotion et du 'spectacle', comme les chase films britanniques ou d'autres catégories de divertissement pur et simple – et comme la plupart des chase films, en s'adressant aux adultes et évitant la niaiserie.


Dans Victory, une femme amène ses ennuis ans un 'paradis' sauvage, arrachant Axel Heyst à sa torpeur chérie. Ce type insulaire (par Jack Holt) aurait pu être intéressant, mais l'accent est mis sur l'extinction du tempérament avant qu'il soit impliqué dans les événements. L'apathique de conviction se transforme en jouet plus vigoureux qu'il le souhaiterait ; un défenseur flegmatique mais dévoué et efficace. La relation entre Axel et Alma (Seena Owen) est gentille et prévisible, sur un fond pourtant spécial. Les bases du scénario, le poste ou la grande préoccupation des gens, sont pas trop typiques au départ, mais mis au service d'un dessein trivial.


Pour le reste c'est une jolie réussite, avec pour appâter le cinéphile la présence de Lon Chaney – dans le rôle d'un des chasseurs au service d'un Nosferatu aux lunettes noires. Le climat est un peu sombre, pas du tout moite, la Nature et ses émanations restent domptés. Le film fonctionne au suspense et reste prudent dans les sentiments, privilégie les caractères aux traits forts, laisse de côté la psychologie. Le spectateur au regard plus technique pourra relever le soin de la photo et de la mise en scène, l'attention aux détails, la fluidité (avec quelques surlignages, mais pas plus démonstratif qu'un film parlant au final). Maurice Tourneur connaîtra encore le succès aux Etats-Unis jusqu'aux alentours de 1926, puis reviendra en France où il tournera ses films parlants, comme Le Patriote ou La Main du Diable.


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le 15 nov. 2016

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