Nous l’avons vu avec la réflexion acerbe sur l’institution judiciaire états-unienne proposée par Juré n°2 : le système ne peut fonctionner que si toutes ses instances sont au beau fixe. Au-delà de tout le débat sur l’inclinaison morale liée à la culpabilité, cœur du film de Clint Eastwood, les détours nous amènent à des conclusions malheureuses sur une enquête bâclée par des fonctionnaires en manque de zèle, policier·es comme avocat·es. Le charme de la justice expéditive se heurte à une réalité de terrain qui a cruellement besoin de temps pour analyser les centaines de facteurs déterminants, notamment dans le cadre d’affaires aussi sensibles qu’un féminicide. Ce sentiment de système cassé ou sérieusement mal en point se retrouve également dans d’autres films contemporains. Pas plus tard que cet été, Le fil a posé l’auto-persuasion d’un avocat (Daniel Auteuil, également réalisateur du film) envers l’innocence de son client (Grégory Gadebois) comme une nouvelle obstruction à une démarche ici présentée comme solide. Les éléments factuels et référencés se découvrent un nouvel ennemi, celui de l’intuition plus animée par la lubie que par la raison. Mais il ne faudrait pas penser que ce constat quant au besoin de réforme d’une institution aux contours trop aérés est une urgence contemporaine. Si le film d’Eastwood, en y empruntant le temps d’une séquence le procédé narratif, ne peut empêcher la comparaison avec cette matrice incontournable qu’est l’exceptionnel 12 hommes en colère (1957) de Sidney Lumet, il fait écho à un autre film, actuellement plus obscur, qui dépend du même canevas : celui d’offrir en place de personnage principal un juré coupable du crime en débat.
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