Notes sur le film : On peut regretter un tant soit peu la partie procès du film, qui joue trop avec notre suspension d’incrédulité - que Le Septième juré (Bernard Blier) participe autant au débat étonne franchement pour qui a l’habitude de regarder des films et séries policières et judiciaires. Le reste fait néanmoins preuve d’une maestria assez remarquable, tant dans la rudesse du meurtre et la frontalité de la nudité féminine que du discours social qui s’en dégage. Comme dans La Vérité (1960) d’Henri-Georges Clouzot, sorti deux ans avant, une femme de son temps est victime des jugements de la société, qui réprouve ses attitudes a fortiori faciles avec les hommes – alors que ces derniers profitent de la largesse de ses mœurs ou rêveraient de le faire. Jusqu’à souhaiter son meurtre ? Ce désir est manifesté par l’acte du personnage principal, qui tue et se rend compte que son acte est moins une pulsion sexuelle qu’un réflexe (acquis) de classe. Mais le personnage, bien marié et qui vient d’en bas, a des remords, que son entourage plus ou moins immédiat – sa femme, les notables du village – n’ont pas. Et plutôt que désavouer une classe sociale toute entière, autant éloigner le mari humain, trop humain... Lorgnant in fine du côté d’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970) ou de Main basse sur la ville (1963), Le septième juré a un peu de la force du film politique à message hargneux sous ses oripeaux du genre du film de procès. Un grand film.