Matt Damon, tu es laid, mais tu me fais pleurer!
Mr Ripley, c'est le tueur le plus sensible du monde. Il essaie de bien faire, il essaie de trouver le bonheur, il essaie de s'assumer, mais c'est toujours la merde, et si ses mensonges le sauvent un instant, c'est pour mieux l'achever plus tard.
Le scénario est donc plutôt une tragédie puisque l'auteur y dépeint la malchance d'un avorton (Matt Damon, superbe comme toujours) mais en nous faisant croire que le bnheur l'attend au bout du couloir. L'histoire est bien ficelée, des petits détails sympas et bien pensés sont distillés ici et là pour enfoncer le clou subtilement; c'est écrit intelligemment car les évènements ne sont pas facile à raconter tant on s'inscrit dans un registre de sensation et d'émotion subtil et nuancé, c'est à dire autre que l'amour pour une femme ou la haine d'un truand; et pourtant tout reste facilement compréhensible, comme si ça coulait de source. Les dialogues sont fins, et à double sens (au moins). Le film traite donc avant tout du mal être que l'on peut ressentir, et du vouloir paraître auquel, tous, nous nous adonnons en présence de telle ou telle autre personne. Le scénariste exagère bien sûr ce phénomène en entrant dans l'esprit d'un meurtrier en puissance, mais arrive tout de même à susciter l'émotion. Je dirai que le récit a un côté très shakespearien dans ses thématiques (le moi, la mort, la tragédie). En plus, chaque personnage est analysé, son point de vue nous est donné, annulant ainsi toute forme de manichéisme pure; chacun rencontre des conflits, il devient donc facile de s'enticher de tous les personnages.
La réalisation fonctionne, le découpage est intelligent et permet justement de comprendre tous les non dits du textes, tout ce qui est sous jacent. Je regrette simplement que le directeur photo n'ait pas imposé une esthétique un peu plus soignée. Beaucoup de plans, finalement, sont assez peu 'beaux', le plus souvent ça lorgne du côté du téléfilm. Le générique est d'ailleurs très agaçant, éparpillant ainsi les noms pendant de longues minutes. Ainsi, alors que le film a déjà commencé que le spectateur est en plein processus d'immersion, des noms dans des rectangles de couleur apparaissent de temps à autres dans un coin; cela paraîtra anodin pour certain mais est pour moi révélateur (à une échelle démesurée j'en conviens) d'un manque de soin dans l'esthétique.
Bref, Le Talentueux Mr Ripley est un film empli de tristesse mais ne tombe jamais dans le misérabilisme facile; si l'on pleure pour Ripley, c'est bien parce qu'il échoue à résoudre des problèmes surmontables à la base. C'est fin, c'est beau, et en plus il y a Cate Blanchet toute jeune et toute fraiche, bien plus belle qu'elle ne l'a été par la suite. Alors pas d'hésitation, violez là, heu non allez voir le film plus tôt!