Ce film se révèle être finalement un document : celui qui voit encore associés les Inconnus "première époque", quand ils étaient 5, avec Seymour Brussel et Smaïn. En soi, il s'agit là d'une rareté : question de droits dans laquelle le producteur Lederman joue un rôle crucial comme à son habitude (m'enfin, qu'il ne soit pas oublié qu'on n'a jamais mis un révolver sur la tempe des trois inconnus qui ont signé leurs contrats avec lui). Impossible de trouver trace des spectacles de cette époque. C'est bien dommage, j'en ai des souvenirs bien plus drôles que quand ils n'étaient plus que 3.

Reste donc ce film gentiment foutraque, pas très bien balancé, pas trop bien réalisé non plus, mais disons encore assez sympathiquement drôle et flanqué d'une sacrée bande de panouillards : le trombi s'annonce grandiose. C'est déjà un petit plus qui attire l’œil du bon client que je suis.

Si, comme je le disais, la réalisation laisse quelque peu à désirer, à cause de nombreuses maladresses, d'un manque d'énergie et d'invention, si le rythme est bien trop mollasson pour une comédie, on se contentera d'apprécier la multitude de gags complètement absurdes à la mode ZAZ, qui faisait tant fantasmer les gamins et les comiques de l'époque. J'en suis toujours extrêmement friand. Le non-sens bécote allègrement les franchouillardises et autres gags éculés, mais je m'en fous. A la rigueur, ce mélange des genres de comique me séduit. L'accumulation n'est certainement pas un indice de grande qualité mais cela finit par former un gloubi-boulga qui n'a rien d'indigeste.

Peut-être faut-il avoir partagé la même époque, les années 80, avoir reçu la même influence (qui sait?) pour apprécier ce film?

Je suppose également qu'il faut faire preuve d'indulgence parce qu'à cette époque, les comédiens sont tous des débutants, prometteurs mais encore un peu trop brouillons et inexpérimentés pour montrer quelque chose de solide. Leur tentative reste louable et est assez touchante en fin de compte.

Je n'ai pas d'affection particulière pour ces comédiens, j'aime surtout leur collectif. Et pourtant j'avoue que le personnage joué par Seymour Brussel a une réelle consistance qui me plait bien. Le plus doué du groupe m'a toujours paru être Didier Bourdon, malheureusement il s'est affublé d'un personnage de détective privé faussement américanisé, pas trop mal troussé, mais manquant nettement d'originalité pour pouvoir laisser une belle impression. Pascal Légitimus, Bernard Campan et Smaïn ne sont pas vraiment époustouflants. Le numéro de Jean-Claude Brialy me laisse dans une indifférence polie. La jeune Clémentine Célarié fait pratiquement de la figuration. Le problème effectivement avec cette distribution pléthorique, c'est qu'elle laisse peu de marge aux comédiens. Difficile alors à tous ces petits rôles de trouver l'angle qui les fera exister. Michel Galabru tire son épingle du jeu. C'est sûrement le seul. Et décidément, ce qui sauve les comédiens sur ce film, c'est bel et bien cette accumulation. Mais je comprends que chez les spectateurs, cela puisse provoquer pas mal de bâillements. Je comprends sincèrement.

Voilà, il n'y a finalement pas grand chose à dire sur ce petit film, si ce n'est que cette incroyable distribution et le nombre tout aussi imposant de gags procurent quelque plaisir à ceux qui en veulent, à quelques privilégiés. Je ne mégote pas sur ces quelques sourires et la capacité du film à raviver certains souvenirs joyeux. Évidemment, pour la plupart le film va paraitre comme une énorme incongruité sur pellicule.
Alligator
6
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2012

Critique lue 1.3K fois

9 j'aime

5 commentaires

Alligator

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

9
5

D'autres avis sur Le téléphone sonne toujours deux fois

Le téléphone sonne toujours deux fois
HITMAN
7

Le coup était bien combiné !

Parodie délirante et décalée de film noir coécrite et réalisée par Jean-Pierre Vergne (Les Charlots contre Dracula, Golden Boy), il ne s'agit pas d'un long-métrage des Inconnus mais Les Cinq ; Didier...

le 25 févr. 2024

7 j'aime

1

Le téléphone sonne toujours deux fois
Vin
8

Critique de Le téléphone sonne toujours deux fois par Vin

Tendresse particuliere pour ce petit film de mon enfance que je prends toujours autant de plaisir a regarder. J'avais un peu peur d'etre decu apres tant d'annees, mais c'est agreable de voir a quel...

Par

le 1 juin 2013

5 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime