On a souvent reproché à Spielberg un goût pour la guimauve, les bons sentiments d'une Amérique qui a une foi naïve en ses propres bonnes intentions, et Le Terminal en est à coup sûr une bonne illustration. Le film a cependant le mérite de prendre pour décor un lieu où par définition on ne s'arrête pas : un terminal d'aéroport. Il y a un petit côté Où est Charlie ? : plusieurs plans nous font chercher du regard Tom Hanks, qui prend un malin plaisir à se fondre dans la foule sans cesse en mouvement des correspondances.
C'est donc l'histoire d'un homme qui se glisse dans les interstices d'un endroit conçu pour ne garder personne. Ce faisant il fait enrager un représentant de l'autorité un peu dépassé. Il est certain qu'en tant que Juif, Spielberg s'est beaucoup projeté dans ce personnage d'immigrant débrouillard qui au fonds se réapproprie l'entrepreneuriat américain.
J'étais parti pour mettre un 7/10, car le début est fort rigolo, vu que Navorski/Hanks ne comprend pas l'anglais. On lui donne un pager (ha ha). Sa manière de comprendre les codes du terminal, qu'il finit par connaître sur le bout des doigts est complétement irréaliste, mais jouissive. J'ai ri de la manière dont il arnaque la caméra de sécurité qui le traque, des ragots de l'agent de service indien qui le soupçonne d'être de la CIA...
Pourquoi ai-je été si bon public ? Ce film a définitivement la patine de ce cinéma fin des années 1990-début des années 2000 où il y avait encore du divertissement populaire un peu épais mais insouciant. Aujourd'hui, après les plans Vigipirate, l'antiterroriste qui nous a conditionné à être prêt à plonger sous une table au moindre signe suspect, voir ce film relève de l'archéologie et a quelque chose de salutaire. Cela nous renvoie à des années plus insouciantes, qui me manquent tellement dans le climat lourd auquel nous nous sommes hélas trop habitués.
Alors oui, la romance ruine complètement le film : cela a toujours été le point faible de Spielberg, qui n'a jamais, JAMAIS été capable de décrire une histoire d'amour adulte. Et les compagnons de Navorski deviennent vite des comparses assez ridicules. Et ce retournement final qui ferait que tout homme de bonne volonté américain désobéira obligatoirement à un ordre arbitraire est la palme de la naïveté. Oui, le film a tous ces défauts.
Reste le sujet, que j'ai trouvé intéressant (voir un lieu de transit comme un lieu où l'on s'installe). Et Spielberg profite de son scénario monté sur des rails pour s'amuser un peu avec la caméra. Il nous offre un beau travelling arrière qui "noie" Navorski dans la foule en transit. Une scène amusante où Hanks "essaie" des costumes en plaçant son reflet en surimposition sur une vitrine.
Le Terminal est un film sans ambition, qui n'est nullement désagréable mais se noie dans les bons sentiments. C'est aussi la trace d'une époque où l'on ne traversait pas les aéroports la peur au ventre, en se sachant fiché, traqué et inspecté sous toutes les coutures.
Synopsis : Navorski appartient à un pays fictionnel, Khrakhozia, qui subit un coup d'Etat et cesse d'exister alors qu'il est à l'arrivée des vols de JFK pour visiter New York. Il ne peut ni entrer en territoire américain, ni retourner dans son ancien pays. Les autorités des douanes essaient de lui expliquer mais il parle très peu anglais : il reste coincé dans la zone de transit, dont il devient l'habitant.
Les autorités le regardent s'approprier la zone : il déambule en peignoir, aide les passagers, trouve comment gagner de l'argent en rapatriant les chariots. Il apprend l'anglais en comparant deux guides, anglais et krakhozien et en regardant la télévision. On crée un poste chargé des chariots pour le pousser à quitter l'aéroport illégalement, mais un jeune homme le nourrit en échange de renseignements sur la jolie officière de l'immigration que Navorski va voir chaque jour. Il échoue à devenir vendeur mais parvient à se faire embaucher dans la rénovation de certaines parties de l'aéroport. Le jour de l'inspection de l'aéroport, Navorski aide à maitriser un passager krakozhien incontrôlable. Sa légende commence à courir auprès du personnel de l'aéroport.
Avec la complicité d'agents qui sont devenus ses amis, il amorce une romance avec une belle jeune hôtesse de l'air, Amelia. Il lui raconte pourquoi il venait à New York : pour récupérer un autographe de jazzman manquant à la collection de son défunt père. Amélia lui obtient un visa d'urgence, et la situation en Krakhozie s'améliore également. Mais le responsable de l'aéroport, qui a Navorski dans le nez, refuse de signer le visa d'urgence et fait du chantage. Il brave son autorité et parvient à mener à bien son incursion à New York. Puis il rentre à la maison.