Le Testament du docteur Mabuse (Das Testament des Dr. Mabuse) est un excellent thriller réalisé par Fritz Lang, coécrit par (son épouse) Thea von Harbou qui met en scéne le Dr Mabuse (joué par l'excellent Rudolf Klein-Rogge) un criminel manipulateur qui dirige, de l'asile psychiatrique où il est interné, un gang de malfaiteurs et le docteur Baum, directeur de l'établissement, grâce à ses pouvoirs hypnotiques tandis que le commissaire Karl Lehmann (joué par Otto Wernicke) et le bandit repenti Thomas Kent (joué par Gustav Diessl) tentent de démanteler le réseau... Avec cette excellente suite au Docteur Mabuse le joueur (1922), le cinéaste Fritz Lang (dont ma préférence va de très loin pour sa periode Allemande... qui est beaucoup plus ambigu cinématographiquement) signe et (re) invente (par la même occasion) le thriller de l'anglais to thrill : « frémir » un genre qui utilise le suspense ou la tension narrative pour provoquer chez le spectateur une excitation ou une appréhension et le tenir en haleine jusqu'au dénouement de l'intrigue... tout ce que contient exactement ce très bon film parlant (le premier du cinéaste sur ce personnage qu'il reprendra en 1960, avec Le Diabolique Docteur Mabuse...) qui est son second après le magnifique M le maudit son chef d'oeuvre... Avec ce film prétexte Mabuse devient une allégorie de la gangrène hitlérienne qui ronge l’Allemagne des années 30 qui vient de voir le poste de chancelier usurpé par un nabot antisémite à moustache....Une symbolique étonnante au vu des amitiés qu’entretient l’épouse et co-scénariste du cinéaste Thea von Harbou avec le régime nazi dont elle deviendra une cinéaste officielle suite à son divorce et à la répudiation pour cause de non-aryanisme de son ex-mari parti se ressourcer (avec plus (le surprenant et inédit (en France) House by the River, Le Secret derrière la porte et Les Contrebandiers de Moonfleet) ou moins de bonheur (le reste... je vous l'avez dit sa periode Américaine n'est réellement pas ma préféré) aux États-Unis suite à l’interdiction du film par Goebbels, une carrière hollywoodienne entamée dès l’année suivante avec le drame Fury... Enfin bref, Fritz Lang signe avec ce film non seulement une très belle œuvre Anti Nazi... qui parle de folie et manipulation... ou il impose de part en part quelques scènes au suspense haletant.. Mais il (re) invente aussi un genre celui du thriller.