L'Émergence d'un Monstre, à travers un Second Volet Dans l'Ombre du Premier


Vous êtes tous maudits. Tous maudits !




Le jour de la terreur ne fait que commencer



"Vendredi 13 : Chapitre 2", également connu sous le nom "Le Tueur du vendredi" ou "Friday the 13th Part 2", a été réalisé par Steve Miner, reprenant la barre après le succès inattendu du film de Sean S. Cunningham, "Vendredi 13". Cette réussite a incité les studios à rapidement concevoir une suite, qui constitue une nouvelle plongée dans l'univers gore de la série. Cette nouvelle tentative de suite est imprégnée d'ambivalence, car elle cherche à poursuivre une histoire de slasher après la décapitation du tueur principal dans le volet précédent. Comment aborder cette situation délicate ? Eh bien, la solution a été de mettre en avant le célèbre fils de Madame Voorhees (Betsy Palmer) : Jackie... pardon, Jason.
"Attends une minute, stop ! Dans le film de Sean Cunningham, on apprend que Jason est officiellement décédé par noyade, ce qui a engendré tous les meurtres. Sa mère, dans une quête de vengeance, a éliminé les moniteurs de Crystal Lake qui n'avaient pas fait leur travail, trop occupés à des activités intimes pendant que son fils se noyait. Du coup, comment peut-il revenir ?"
Ainsi, "Vendredi 13" n'était pas initialement destiné à être le socle d'une saga cinématographique. Ce n'est qu'avec ce second volet que les producteurs ont envisagé de faire de "Vendredi 13" une franchise lucrative. Cependant, quelles nouvelles péripéties raconter au-delà de ce qui avait déjà été présenté dans le premier film ? Certains auraient souhaité que chaque film de la série narre une histoire indépendante, sans lien direct, ce qui aurait probablement été la meilleure voie à suivre. Néanmoins, le revirement de Tom Savini, qui ressuscite Jason du fond du lac à la fin du film de Sean Cunningham, pour surprendre le public à travers une scène prenant part dans un cauchemar, a donné naissance à l'idée de ramener ce personnage. Cunningham n'était pas particulièrement emballé par cette idée, ce qui est compréhensible, tout comme Betsy Palmer qui trouvait l'idée absurde, mais qui s'est retrouvée à apparaître dans cette suite à travers des images d'archives. Mais l'appât du gain facile a pris le dessus, motivant les producteurs, notamment Steve Miner et Bob Barsamian. Et donc, contrairement a ce qui fut raconté, Jason a survécu et prépare une vengeance implacable envers ceux qui tenteront de l'entraver. Alors que la mère vengeait la mort de son fils, c'est désormais le fils qui cherche à venger sa mère, revenant à Crystal Lake pour marquer son territoire. Les origines de Jason prennent vie ! Ainsi débute le meurtrier Jason Voorhees.


L'histoire débute en revisitant les événements traumatisants de Crystal Lake, dévoilant ainsi les prémices de cette nouvelle série sinistre à travers un long rappel de l'affrontement final du précédent volet. Une fois cette redondante rétrospective achevée, le récit reprend deux mois après les meurtres commis par Madame Voorhees, et nous retrouvons la seule rescapée, Alice (Adrienne King), qui subit à son tour une brutale agression à son domicile de la part de Jason, qui lui plante un pic à glace dans la tête. La vengeance maternelle est accomplie. Cependant, va faloir m'expliquer comment Jason a pu localiser son lieu de résidence, étant donné qu'il mène une existence isolée dans sa cabane reculée, loin de tout contact extérieur, et qu'il ne peut pas communiquer et a une apparence repoussante avec un QI total pas très élevé. De plus, internet n'existait pas à l'époque. Quoi qu'il en soit, cinq années s'écoulent et un tout nouveau groupe d'adolescents se rend à un autre camp de Crystal Lake pour suivre une formation de moniteurs. C'est à ce moment qu'un nouvel épisode sanglant se déclenche. Vous aurez saisi que pour cette seconde version, on laisse de côté le scénario inexistant signé Ron Kurz, afin de mettre en avant principalement une série de meurtres, offrant ainsi un spectacle gore au public, avec une durée de film relativement courte pour maintenir un rythme plus vif et ainsi le rendre plus tolérable. Les homicides s'enchaînent alors rapidement, semant la terreur au sein du groupe. Les victimes succombent les unes après les autres. Cependant, un petit hic : "Vendredi 13 : Chapitre 2" souffre d'une problématique de taille, car une partie importante des séquences violentes a été censurée. La déception survient notamment lors de certaines scènes d'assassinat, où la brutalité est suggérée sans être présentée à l'écran, évitant les mises à mort. Même la conclusion originellement prévue est également écartée. Ainsi, nous nous trouvons face à un film qui repose sur une idée idiote, mais qui tentait de masquer ses faiblesses à travers des scènes de massacres qui sont malheureusement tronquées. En résumé, tout ne va pas pour le mieux ! Les meurtres se révèlent finalement bien trop modérés en comparaison avec le premier volet.


Seule la séquence finale, prenant place dans la demeure de Jason, où repose l'autel avec la tête de sa mère, parvient à offrir un bref instant de réussite grâce à une confrontation plutôt réussie. Cependant, il est décevant que la seule véritable idée intéressante du film soit si rapidement éclipsée à l'écran. J'aurais souhaité une exploration plus approfondie de cette maison cauchemardesque, de son histoire et de sa confrontation. Sur le plan technique, la réalisation de Steve Miner se contente du strict minimum. La photographie laborieuse de Peter Stein a du mal à mettre en avant le contraste atypique et les décors relativement simples conçus par Virginia Field. Les costumes limités d'Ellen Lutter, qui a participé à la conception du costume de Jason avec son sac sur la tête, s'intègrent bien à l'environnement proposé, même si le résultat ne parvient pas à susciter la terreur escomptée. L'atmosphère angoissante et terrifiante est présente, mais une fois encore, elle demeure un cran en dessous du premier opus. La musique d'Harry Manfredini reste efficace, bien qu'elle soit rapidement prévisible, son impact demeure néanmoins saisissant. En ce qui concerne le casting, c'est une véritable catastrophe ! Que ce soit Amy Steel dans le rôle de Ginny Field, John Furey en Paul Holt, Stuart Charno en Ted, Tom McBride en Mark Jarvis, Lauren-Marie Taylor en Vickie Perry, ou Marta Kober en Sandra Dier... Aucun ne se distingue réellement. Tous sont de simples personnages creux, et il est difficile de s'attacher à l'un d'entre eux. Même s'ils rappellent les personnages du premier film qui n'étaient déjà pas des sommets, au moins avait-on réussi à créer autour d'eux une trame minimale pour susciter un tant soit peu d'attachement, permettant ainsi au public de s'identifier et de partager leurs inquiétudes. Dans ce volet, il n'y a guère de temps à accorder, à peine les personnages font-ils leur apparition que le massacre commence et les destinées se scellent. On assiste à une galerie de caricatures, et n'abordons même pas l'héroïne principale qui demeure invisible. Seule la courte relation entre le jeune homme en fauteuil roulant et sa compagne a réussi à susciter une lueur d'espoir, bien qu'elle s'éteigne rapidement. Heureusement, le plaisir de retrouver Walt Gorney dans le rôle de l'étranger qui lance des avertissements, rajoute un certain présage malheureux à l'ensemble.



CONCLUSION :



"Le Tueur du vendredi : Chapitre 2", dirigé par Steve Miner, malgré son budget plus substantiel, ne parvient jamais à rivaliser avec l'impact du premier volet. Son scénario repose sur une idée peu solide pour introduire une série de meurtres rythmés, mais la violence graphique en est malheureusement réduite en partie en raison de la censure qui éclipse des moments clés. Le casting souffre du manque de personnages attachés, avec des victimes peu marquantes et des relations superficielles. Néanmoins, ce deuxième chapitre réussit à présenter le personnage emblématique de Jason Voorhees et tente d'explorer l'histoire de la maison de l'horreur, même si cette exploration est tronquée, laisse un sentiment d'inachèvement.


En tant que nouveau chapitre censé inaugurer une nouvelle saga, il faut admettre que les limites sont bien présentes.



Dans la nuit du vendredi 13 juin 1980, douze de ses amis ont été assassinés. Le Tueur du vendredi...


Créée

le 17 août 2023

Critique lue 108 fois

30 j'aime

16 commentaires

Critique lue 108 fois

30
16

D'autres avis sur Le Tueur du vendredi

Le Tueur du vendredi
Play-It-Again-Seb
6

Jason et ses premières victimes

Après un premier opus où demeurait une vague intrigue de vengeance, cette suite de Vendredi 13 entre dans le gras de la saga. Jason est le bourreau des jeunes ados qui osent s’approcher de Crystal...

Par

le 6 juin 2023

8 j'aime

4

Le Tueur du vendredi
Zogarok
4

Climax de Jason avant Jason

Particulièrement médiocre, le Vendredi 13 de Sean Cunningham était surtout extrêmement racoleur. En tenant ses promesses, copiant les références de l’Horreur et reprenant à son compte les codes du...

le 29 oct. 2015

7 j'aime

3

Le Tueur du vendredi
HITMAN
6

Le camp sanglant.

Exit le cinéaste Sean S. Cunningham parti sur le projet Otages, c'est le producteur du premier chapitre Steve Miner (House, Lake Placid) qui fait ses premiers pas derrière la caméra avec ce Tueur du...

le 13 juil. 2018

6 j'aime

8

Du même critique

Joker
B_Jérémy
10

INCROYABLE !!!

La vie est une comédie dont il vaut mieux rire. Sage, le sourire est sensible ; Fou, le rire est insensible, la seule différence entre un fou rire et un rire fou, c’est la camisole ! Avec le Joker...

le 5 oct. 2019

170 j'aime

140

Mourir peut attendre
B_Jérémy
8

...Il était une fin !

Quel crime ai-je commis avant de naître pour n'avoir inspiré d'amour à personne. Dès ma naissance étais-je donc un vieux débris destiné à échouer sur une grève aride. Je retrouve en mon âme les...

le 7 oct. 2021

132 j'aime

121