Le vice et la vertu de Vadim est un mélange entre la Justine de Sade et le Salo de Pasolini (qui adaptait du Sade pour les plus « innocents »). C’est à dire qu’on a la dualité entre les deux soeurs qui ont chacune opté pour l’un des camps et qui doivent en assumer les conséquences, et que notre Justice termine dans un harem pour hauts dignitaires nazis.
Que le spectateur lambda se rassure, Vadim n’a pas tourné un porno. Et ce film est bien plus regardable qu’un Salo (qui m’a marqué à vie).


Comme l’annonce Vadim, il a choisit cette période de l’Histoire car elle la plus propice aux passions. Pour ma part, je dirai plus au choix. La vie ? L’honneur ? La facilité apparente ? La souffrance certaine ? Chacun à cette époque à fait ses choix et pour ma part je dirai que nul ne peut vraiment juger de ce qu’il ferait en pareil circonstance.
Et c’est ce que j’aime assez dans ce film. Vadim ne juge pas vraiment.
Car il serait aisé de lyncher le personnage de Girardot. Traitresse à sa patrie, catin des allemands, lâche. On pourrait traiter Juliette de bien des noms. Mais la peur fait faire souvent bien des choses. Et la volonté aussi. La volonté de ne pas mourir, de ne pas être torturée, de ne pas vivre dans la misère, de ne pas souffrir. Pour éviter cela, elle est prête à endurer bien des choses, mais des choses dont elle pense pouvoir décider. Souffrir sous le joug des allemands certes, devoir endurer un ivrogne un peu porcin ou un homme dangereux et dénué d’émotion, mais que cela rapporte. Qu’elle ne subisse pas pour rien. Un bien mauvais pari que de jouer sur les allemands, mais sur le court terme, une manière de sauver sa peau et de garder un semblant de contrôle.
De l’autre côté, nous avons l’angélique Deneuve en femme de résistant qui se voudrait indomptable. Elle préfère souffrir, endurer en espérant que la menace soit effacée. C’est brave, c’est beau, mais en ces périodes d’incertitudes, c’est risqué. Et finalement, on se dit que la Justine n’est pas si angélique que cela pour ne pas tendre une main à sa soeur qu’elle était venu chercher pour du secours. Dans la pagaille générale, la faire passer pour l’une des prisonnières, cela se tentait. D’autant plus que Juliette avait aidé l’une des filles pendant la réforme. Evidemment, comme dans toute bonne histoire, c’est la vertu qui l’emporte. Mais l’Histoire n’est pas toujours une bonne histoire…


Au final, si l’on pourrait être tenté de glorifier Justine et de lapider Juliette, difficile en y regardant de plus près d’être si manichéen. Du moins pour ce qui est du vice ou de ceux qui semblent le choisir.


Cependant, l’histoire n’est pas des plus passionnantes et les débats qu’elle pourrait entraîner ne sont pas des plus palpitant. C’est sympas, mais personnellement je n’en ferai pas toute une montagne. Mais le film n’en est pas mauvais pour autant.


Du côté de la mise en scène, Vadim nous offre quelque chose d’intéressant. Les jeux de lumière notamment, sont plutôt sympas et pas trop envahissant. De même, la scène en miroir, où le plan d’hossein est comparé à un échiquier, n’est pas désagréable du tout. J’aime aussi cette petite manie de filmer les personnages avant même qu’ils n’entrent en scène. Des détails certes, mais qui mis bout à bout donne quelque chose de plutôt sympathique.


De même, les acteurs sont au rendez vous. J’ai probablement dû voir Girardot auparavant, mais c’est la première fois que je la remarque. Et elle donne un tel caractère à son personnage qu’il serait difficile de ne pas l’apprécier.
Deneuve évidemment, est toujours aussi charmante en jeune ingénue sur qui le sort s’acharne mais pour qui tout se termine bien. Mignonne, elle est parfaite dans le rôle de la pauvre jeune femme sans défense mais qui se battrait volontiers pour son honneur.
Robert Hossein quant à lui, est mon plus grand choc. Bon, il faut dire que pour moi, cet acteur restera toujours Joffrey de Peyrac (de la série des Angéliques. Oui, je sais, mes références sont parfois un peu moyennes). Alors forcément, le voir ici en nazi, ça fait un choc. Et d’autant plus terrifiant qu’il est charmant (là encore, je sais, mes goûts sont un peu douteux). Mais en plus d’avoir une gueule qui ferait oublier l’uniforme, Hossein se débrouille plutôt bien en homme froid et sans émotion qui se voit rattraper par ces dernières. Une attirance pour sa nouvelle conquête d’abord, puis une terreur lorsqu’il réalise qu’il ne contrôle plus rien. Pas le personnage ou la performance du siècle, mais quelque chose de plutôt intéressant.


Sur le plan technique donc, Le Vice et la Vertu se défend plutôt bien. Sur le plan de l’histoire, les choses se corsent un peu. J’aime les films qui amènent le spectateur à réfléchir un peu sur ses personnages, mais j’admet aussi que pour le coup, je fus un peu déçue par l’ensemble qui ne m’a pas captivé comme cela aurait put être le cas. Une petite déception donc, mais un film intéressant et qui se laisse regarder.

Créée

le 7 déc. 2016

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Gaby Aisthé

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