Voyage initiatique numéro 3245.

On n'est plus à un paradoxe près avec le cinéma. Pixar est loué pour ses dessins animés magistraux et ont déjà marqué le cinéma mondial avec peu de films et une technique d'animation qui est maintenant la norme. Le défi après avoir renouveler le cinéma d'animation va être de se renouveler, et ce n'est pas "Le voyage d'Arlo" qui le fera.

Mais retenez-bien que je parle de paradoxe, car j'ai ri et j'ai pleuré devant ce film alors que tout les rebondissements sont prévisibles. C'est le scénario standard de la quête d'Ulysse pour retourner à Itaque. On a un personnage qui veut retrouver sa famille (Arlo) suite à une bagarre entre lui et un petit enfant humain qui les ont tout les deux entrainés dans la rivière voisine. Tout le film sera le voyage retour vers la maison, jalonnées de péripéties.

Avec Pixar, on a eu l'habitude de voir chef d’œuvre sur chef d’œuvre. Puis est arrivé Cars 2. Puis Monstres Academy. On s'est alors dit que les suites étaient là pour caler un peu l'attente des spectateurs entre deux magnifiques œuvres originales (Là-haut et Vice-Versa). Puis est venu ce "Voyage d'Arlo" et la déception est là. Puisque on a à chaque idée la réminiscence d'un ancien film de Disney. Un peu de Roi Lion par ici, un soupçon du Livre de la Jungle par là. Et puis la convocation de différents genres comme le western ou le film catastrophe.

Le film brille par intermittence par de vrais moments d'émotions (aussi bien humoristiques que tristes), avec deux passages mémorables qui font forcément mouche (l'un par la totale surprise, l'autre par sa réalisation et son inventivité visuelle touchante).

Et c'est là le sentiment bizarre à la sortie de ce film, c'est qu'on a vécu 1h40 intenses de joie, de frisson, de peur, de rigolade (d’ascenseur émotionnel total quoi) tout en se rendant bien compte que la somme de tout ça ne nous semble pas nouveau. Tout fonctionne parfaitement, mais sans former un véritable tout évocateur, ce que faisaient parfaitement des films comme Wall-E, Là-Haut ou Vice-Versa. Il manque ce liant qui ferait d'une succession d'émotions diverses un grand tout bouleversant et mémorable.

Au passage, le court métrage en introduction est absolument audacieux pour l'époque actuelle et est excellent ! Une vraie prouesse avec un sujet sensible (la pratique de la religion et sa place pour notre génération actuelle). On a peur au début d'un immense contre-sens avant le plan final qui est juste sublime et retourne le tout pour en faire un vrai étendard pour la tolérance et l'acceptation de toutes pratiques et croyances avec la culture actuelle. Magique.