Admiration sans émotion

Le voyage dans la lune, c'est plus un morceau d'archéologie visuelle qu'un film. En à peine dix minutes, Georges Méliès invente l'imaginaire cinématographique: décors peints, trucages artisanaux, théâtre filmé... L'impact historique est immense, difficile de ne pas saluer l'audace et l'intuition visionnaire. Mais le recul rend l'oeuvre plus fascinante qu'émouvante. La naïveté de l'ensemble, l'absence totale de narration moderne et le style purement théâtral empêchent aujourd'hui toute immersion. On admire, on respecte, mais on reste à distance. C'est une page fondatrice, pas encore un grand film.