Merveilleux

Sur une terre aux allures de paradis, Lili, une jeune et jolie princesse, est amoureuse de Jack, un jeune homme proche de la nature. Alors que Lili transgresse un interdit en osant toucher une licorne, créature sacrée sur laquelle repose l'équilibre du monde, ce dernier se retrouve plongé dans l'obscurité et l'hiver. Jack et Lili sont séparés et le démon Darkness profite de cette occasion pour tenter de s'emparer de la dernière licorne et de faire de Lili une créature démoniaque. Avec l'aide du lutin Gump et de ses acolytes, Jack se lance à une quête pour arrêter Darkness...

Je viens de revoir le film après des zzzzannnéées et j'ai clairement pris une claque, même si je n'ai pas réussi à voir la version director's cut (mais ça ne saurait tarder). J'ai adoré retrouver cette univers de fantasy à la photographie sublissime et à la cinématographie somptueuse. Alors je comprends qu'on ne souffre pas le film et qu'on y voit une œuvre niaise et kitsch. Pourtant, on peut le lire à un autre niveau, comme cette vidéo l'explique super bien (à partir de 4'40 notamment) : notamment comme une allégorie de la genèse et du jardin d'Eden...

Quel univers ! Visuellement, le film n'a pas vieilli. Le personnage de Darkness est une formidable réussite, en grande partie due à la performance sensationnelle du grand Tim Curry. Plusieurs scènes du monde de Darkness sont vraiment fascinantes, comme la scène de la danse qui peut faire penser au lac des Cygnes et à sa symbolique (l'opposition entre l'ombre et la lumière, entre l'innocence et la dépravation), ou comme celle où Darkness sort du miroir et où l'on le découvre physiquement... Un grand méchant ! Lui donnant la réplique, Lili est une princesse étonnante et inhabituelle, bien plus intéressante que Jack. Pour une fois que c'est la princesse qui vole la vedette au héros ! Et Mia Sara est d'une beauté à couper le souffle.

Le film a fait un flop car il n'a sans doute pas été compris à l'époque. Je pense que Ridley Scott a avant tout voulu se replonger aux origines du conte. On a tous les codes du merveilleux, dans Legend : les personnages ont un rôle bien déterminé (héros gentils et purs, méchants très méchants), l'histoire est simple, le héros doit remplir une mission et il remporte évidemment la victoire, enfin il y a une morale à l'histoire. Et bien sûr, le conte merveilleux possède, comme tout conte qui se respecte, différents niveaux de lecture, comme dans Legend... Alors je dirais que Scott est revenu aux fondamentaux avec ce film merveilleux (dans tous les sens du terme). Pour le coup, on n'est pas dans la fantasy ici, mais bien dans le conte, avec un univers plus "fermé" et sur lesquels on a peu d'informations (une forêt, un monde souterrain malfaisant), des personnages en nombre limité décrits sommairement (une princesse, un jeune homme, un lutin, un démon), un parcours du héros qui est plus rapide et rudimentaire que dans un récit de fantasy, qui est plus développé, plus long, plus complexe...

Bref, un film et un réalisateur qui sont sans doute restés incompris à l'époque. Personnellement, je n'ai pas de passion particulière pour l'univers du conte, mais j'ai été happée encore une fois dans Legend. La noirceur du film également a pu rebuter une partie du public et des critiques qui s'attendaient à quelque chose de plus fun, de plus enfantin, de moins naïf ? Pourtant, Scott a vraiment rempli, brillamment, toutes les cases de l'univers dans lequel il voulait se plonger. C'est une réussite totale.

Un film que je reverrai sans doute dès que j'aurai réussi à mettre la main sur la version définitive voulue par Ridley Scott. Un coup de cœur en retard. Un enchantement.