Après une première demi-heure réussie parce que contenue, créant un sentiment d’inquiétude avec les moyens offerts par le cinéma et par sa photographie – les longs fondus enchaînés sont magnifiques –, Keeper mute en exercice de style désespéré et désespérant où les retournements de situation s’enchaînent, où les spectres surgissent avec redondance et opportunisme : le grotesque prend le pas sur l’introspection, et c’est alors le personnage principal qui en pâtit tant sa mise à l’épreuve relève des seules intentions narratives et visuelles d’une équipe artistique qui perd l’humain, y compris son spectateur, dans un dédale de reflets. La projection d’une masculinité toxique, lieu commun horrifique depuis quelques années maintenant – pensons par exemple à Wolf Man de Leigh Whannell, sorti en début d’année –, demeure superficielle. Un échec supplémentaire pour Oz Perkins, leurre de l’épouvante américaine contemporaine.