La poésie, l'animation, le temps, et la réflexion

Les oscars, et les cérémonies de récompenses artistiques, permettent de mettre en avant des courts métrages et des œuvres dont on serait surement passé à côté. Ça a été le cas de Mémorable ou encore Negative space, mais c'est aussi le cas de L'enfant, la taupe, le renard et le cheval, que j'avais vu passé mais qui, pour des choses et d'autres, ne m'intéressait pas plus que ça, et pourtant...

Ce qui marque c'est à quel point tout transpire d'une poésie folle, et d'une délicatesse renversante. Vu que l'on est sur un style minimaliste et que l'on va utiliser un style proche de l'esquisse, on a ce sentiment d'éphémère et de vulnérabilité des personnages car, d'un coup de gomme, on a le sentiment qu'ils peuvent disparaitre à tout instant. On a une direction artistique qui fait beaucoup penser aux parties fantasmés et lecture de l'adaptation filmique du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry, surement car le film adapte un livre philosophique contenant énormément de métaphore et de réflexion qui ne laisse pas de place à d'éléments trop concret. Lorsqu'on va représenter un lieu ou un changement de lieu, on ne va pas représenter plus de trois éléments à l'image en plus des personnages. On a cette impression, un peu comme dans les parties récits du Petit Nicolas de 2022, que la feuille de papier fictive (ou du moins du fond blanc de l'image), qui sert de toile de fond au récit, a un impact direct sur les personnages, et les places face aux aléas du temps. Avec un tel parti prix, il est nécessaire d'avoir une réalisation rasoir, et le film arrive à acquérir le niveau d'excellence nécessaire pour en offrir plein les yeux. Il y a un côté presque magique lorsqu'en quelques coups de crayons à bases de rond, on arrive à développer tout un caractère et un état d'être d'un personnage. Je pense notamment à la taupe qui est un peu rondelet, et qui a une manière de se mouvoir très proche d'un Winnie l'ourson, renforcé par le côté paternelle simplet au caractère lunatique qui fait énormément pensé à lui. Enfin, le côté poétique et lourd de sens est souligné aussi à travers les dialogues qui, quasiment tous, sont écrit avec beaucoup d'arrières pensées et de profondeurs.

Le soucis étant que cette poésie et cette atmosphère très abstraite qui déambule sans trop de but, si ce n'est qu'être philosophie et beauté, c'est que passer les 15 premières minutes, on voit le bout de ce qui est possible de produire, et on peine à ne pas vouloir anticiper ce qui arrivera ensuite. Le film dure un peu moins de 40 minutes, mais il y a large 10 minutes qui paraissent en trop tant l'ensemble ne tient pas dans la longueur sans un fil directeur. Il y a bien la quête d'un foyer et d'un abris, mais sans enjeux ni même d'indice précis de ce qui amène ces personnages à se repérer dans l'espace, on est très vite lassé. Il y a bien des moments qui donnent un dynamisme à l'ensemble, comme la phase avec la rencontre du renard qui met de la tension et du rythme, mais trop souvent on reste dans une forme de monotonie qui n'aide pas à garder l'attention. La fin est très belle, le film est très beau, mais avec un peu plus de repaires réels et d'efficacité, on aurait sans doute un effet de redondance qui gâche le plaisir du film.

13,75/20

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