Léo le dernier
6.8
Léo le dernier

Film de John Boorman (1970)

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Le film (assez magistral tout de même) ne m'a pas totalement convaincu dans la mesure où il me semble qu'il y a les mêmes défauts (voire la même histoire) que Zardoz (que j'adore) qu'il préfigure. Il y a pas mal d'artifices psychédéliques qui me semblent gratuits, datés et n'apportant pas grand chose; Alors que le film en soi est hyper intéressant, déjà formellement (c'est une tuerie de mise en scène, la photographie sépia est sublime, le décor idem).

Mais dès les premières minutes, ces voix extra-diégétiques sorties de nulle part, et commentant de façon totalement hasardeuse les images du générique, puis en observant, et disséquant la psyché du personnage de Léo ((admirable Mastroïanni, qui joue ici son premier rôle en anglais avec un accent drolatique), lui-même observant à la jumelle ses voisins noirs du quartier où il vient d'atterrir, est une mise en abîme artificielle, ne donnant aucune profondeur au récit.

Et on a exactement les mêmes procédés dans Zardoz (Film dans lequel a un moment Boorman fait défiler des dérivées mathématiques et la lettre pi pour faire penser que ce qui se passe est hautement profond, et intelligent, je crois que personne ne s'y est trompé).

Ensuite, les thématiques sont totalement similaires, l'opposition entre deux mondes (les prolétaires/vs les bourgeois). Les bourgeois sont glauques et en totale décrépitude (les immortels vieillis de Zardoz, les vieux fous aux fesses flasques qui s'agitent dans ses piscines, dirigés par un gourou chef d'orchestre totalement allumé dans Léo). Le monde extérieur des brutes dans Zardoz, et des noirs dans Léo est violent et sans espoir.
Et la libération, la tuerie, le feu d'artifice final, explosif, viendra d'un infiltré, ne trouvant sa place nulle part, mais qui aura réussi à faire le lien entre les deux mondes (Sean Connnery dans Zardoz, Mastroïanni dans Leo).

Le final du film (vraiment à l'image de Zardoz pour le coup, la ressemblance entre les deux films, bien que les contextes n'aient rien à voir, et qu'il n'y ait pas de slips rouges, est je trouve troublante), est hyper hystérique et limite fatiguant.

Malgré cela, il reste d'indéniables qualités, des moments magiques et poétiques inoubliables, des séquences effrayantes (dont le film "'il était une fois la révolution" sorti un an plus tard, a dû tirer son inspiration, avec les gros plans sur des bouches mangeant des cuisses de poulet de manière immonde), un travail musical vertigineux (alors là, ça y va pour les musiques intra/extra diégétiques, la frontière entre les deux a rarement été aussi ténue, et ce film devrait être un régal d'analyse pour un étudiant postulant à la fémis) (la track list est sublime au passage), la mise en scène hallucinante des innombrables séquences façon "fenêtre sur cour", et puis..

Quelques scènes magiques, où l'harmonie images, sons, couleurs, peut difficilement être plus parfaite, notamment lors d'une scène d'un sermon déchaîné sur la mort d'un des personnages du film, qui bascule soudainement dans une mélancolie calme et résignée, sous les regards d'un Léo multiplié par les vitraux d'une porte :
http://www.youtube.com/watch?v=Ec6hvSvHCWQ&feature=youtu.be

(j'ai uploadé cet extrait sur mon compte youtube, ne regardez pas si vous ne voulez pas être spoilé, quoique ça ne spoile pas grand chose mais bon, autant profiter de cette belle scène en découvrant le film pour la première fois).
KingRabbit

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5

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