Huis clos sanglant à huit personnages en six actes

Tarantino qui sort un nouveau film, c'est toujours un peu le graal pour les habitués des salles noires. Faut dire qu'il en fait des trucs bien le Quentin, et il suffit juste de revenir à son dernier film, Django Unchained en être convaincu.


Alors, après il y a des choses à critiquer ; et surtout, Tarantino est le genre de réalisateur qu'on aime, ou qu'on aime pas.


Un style cru, sans complexes, sanglant, qui casse les codes ; bienvenue dans le Tarantinoverse !


Il est nécessaire de replacer la pépite qu'est The Hateful Eight. Pour la faire courte, ce qui a propulsé Tarantino, c'était bien entendu son Pulp Fiction. Le diptyque Kill Bill des années 2000 l'a directement ancré dans la décennie !


Mais, c'est son premier film, Reservoir Dogs qui est intéressant dans l'objet de cette critique ; tout le monde l'a remarqué, et ça a déjà été dit des tonnes de fois, mais oui, avec son 8ème film Tarantino revient aux origines, au huis-clos.


Car toute l'action - ou presque - se situe dans cette mercerie perdue dans les montagnes du Wyoming. Les fenêtres claquent, le poêle réchauffe les huit salopards, tandis que le blizzard est aperçu, par les petites fenêtres de la mercerie.
Puis, y'a ce putain de café, ces bonbons sur l'étagère, et cette table au milieu. Puis y'a Tim Roth, grandiose, dans son fauteuil près du feu face à Bruce Dern, autour d'un échiquier. Puis si on regarde, y'a un Michael Madsen, cow boy solitaire qui écrit son histoire. Puis enfin Senor Bob, emmitouflé dans sa fourrure, jouant un "Silent Night" au piano.


Outre le casting incroyable, c'est toute une atmosphère, cette tension palpable et constante qui fait le film. 8 taré(e)s, dans une pièce, avec des flingues, qui peuvent tirer à tout moment. C'est là qu'apparaît le génie de Tarantino ; on ne sait pas qui va frapper, ni quand, ni comment.


Mention spéciale à SL Jackson, fidèle à lui-même, avec un monologue plutôt incroyable - et super osé -, qui peut-être sera placé aux côtés de l'Ezechiel 25:17 dans le palmarès des citations de l'acteur.


Mais il faut parler des plans. Du plan large, embellissant le paysage hivernal qui marque le début du film, aux plans méticuleusement travaillés pour donner à cette mercerie, un air de scène de théâtre. Car le film est une pièce de théâtre, avec ses acteurs qui tournent en rond. Qui parlent. Qui parlent. Qui parlent. Et qui, se tirent dessus.
Les dialogues chez Tarantino, c'est pas aujourd'hui qu'on en découvre la maîtrise. Mais c'est ici qu'est atteinte son apogée.


C'est dur de faire plus de 2h40 de films dans une pièce, avec les mêmes personnages. Mais lui, il le fait. Et c'est grandiose.


Puis en plus, il s'est dit ; si on rajoutait l'ost de Ennio Moriconne ? Et forcément, ça loupe pas. L'ambiance est là, terrifiante, tendue, mais toujours aussi rock'n'roll quand le premier coup part.


J'arrête là, vous aurez de quoi vous faire votre avis ! Mais il faut le voir impérativement. Allez entrer dans cette mercerie, et essayez de pas vous prendre une balle perdue, ou de glisser dans une flaque de sang !

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le 9 janv. 2016

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Tvkgh

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