Tarantino. Il n'y a guère réalisateur plus respecté. On assiste à ses films comme à ceux de Kubrick:
On sait que tout plan, toute photographie, toute musique est un choix du réalisateur, désiré et maîtrisé. L'ancien loueur de VHS ainsi un talent extraordinaire et multiforme. Dialogues, direction d'acteur, photographie, script, choix de la BO.
Et surtout, il fait partie de ces très rares réalisateurs à prendre des risques. Trois années après le très bon Django (malgré quelques faiblesses scénaristiques), le cinéaste nous propose un long huis-clos de 2h40. Allons y directement: le dernier Tarantino est une expérience. La note "moyenne" correspond à mon appréciation de la dernière partie qui m'a "écœuré". Je recommande cependant son visionnage, car il s'agit d'une oeuvre maîtrisée. Il sera nécessaire cependant pour l'apprécier de venir dans un état d'esprit disposé, et dans une forme physique correcte (vous risqueriez de vous endormir avant la fin, même si les dialogues sont bons).


Mais poursuivons la critique. Soit, dans le Wyoming (état paumé des états Unis) quelques années après la fin de la guerre de Sécession, un ensemble de 8 personnes obligées de passer deux journées ensemble enfermés dans une petite auberge à cause du blizzard. La tension va monter crescendo au fur et à mesure que chacun décline son identité, et prend connaissance de ses compagnons de blizzard.
Le film est très long, bien au delà des formats habituels auxquels nous sommes habitués. 2h40. Pourtant elles sont nécessaires, car il faut rendre chaque personnage important, humain. Chacun des huit salopards doit avoir son identité en vue d'une fin que vous devinez bien évidemment sanguinolente. Il me faut insister sur l'excellence de l'écriture des dialogues, et surtout sur l'interprétation. Le casting est excellent (Kurt Russel, Samuel L Jackson,...) et rarement un tel groupe d'acteur aura été aussi convaincant.
Le film est aussi bourré de clins d’œils cinématographiques. On pensera ainsi à The Thing, mais aussi un peu à Evil Dead pour certains passages. Certains amateurs de mise en scène dont déjà entrain de décortiquer les plans de Tarantino( Je vous recommande la critique de Durendal sur youtube sur ce film).


Pourquoi une telle note, donc?
Car si ma critique vante en partie ce film, le film m'a profondément mis mal à l'aise à partir de certains passages confinant à la surenchère. Pour détailler mon propos, il me sera nécessaire de mettre ce petit spoiler.


Tarantino est un grand adepte des passages sanguinolents. Kurt Russel qui vomit ses tripes sur la table, Jennifer Jason Leigh qui perd ses incisives pendant tout le film, les crânes qui explosent sous les balles. Nul n'est épargné, raisonnablement dans ce film. Jusqu'à l'escalade finale, où l'on ira pendre dans la haine et dans la mort la dernière protagoniste "maléfique".


Habitué des films de Tarantino, la violence ne me dérange guère dès lors qu'elle est confinée, bien amenée, et qu'elle n'esthétise guère. Ainsi, à quelques exceptions près (la barbarie de la torture dans Reservoir Dogs), le réalisateur sait utiliser ces plans sanglants pour choquer, mais n'en abuse pas non plus. Ses films sont souvent des confrontations verbales qui sont menées à leur paroxysme parfois dans la poudre. Ici, le pari est autre. La violence est portée à un tel degré qu'elle en devient parfois répugnante ou excessive. D'autant plus que cette surenchère donne une étrange impression de jubilation. Tout cela ne serait qu'un jeu.
Vraiment? Pourtant, lorsque le scénario reprend ses droits, et que la violence est justifiée par la domination, les scènes "crues" perdent de leur gratuité.
Ce film ne laissera pas indifférent. Il laissera certains mal à l'aise, en amusera d'autres. Suscitera l'admiration des fans, comme toujours. Bien que faisant partie de la première catégorie, je suis tout de même admiratif moi aussi.


A voir donc, comme tout Tarantino, mais il est possible que vous sortiez nauséeux.

AntoineMartin4
5
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le 12 janv. 2016

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Antoine Martin

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