Les films de Tarantino sont violents. Voilà, le point Godwin est atteint, maintenant on peut parler du reste, de ce qui nous intéresse, à savoir de cinoche. Après avoir vadrouillé dans pas mal de genres en y laissant à chaque fois son empreinte, cette fois le fétichiste des pieds repose les siens au panthéon du western un peu plus longtemps que prévu. Pas pour une halte de tout repos, évidemment. S'il était légitime de se demander quelles surprises pouvait amener "Les 8 Salopards" après un "Django Unchained" déjà bien barré pour lequel QT semblait avoir donné pas mal de ses tripes. C'est mal connaître le gars, jamais à court de boyaux, surtout quand il peut les exploser à l'écran.


Huis-clos quasi théâtral, "Les 8 Salopards" opère un retour aux sources dans sa structure. On pense vite à "Reservoir Dogs" et son jeu d'enfoirés qui va tourner au vinaigre pour tous les protagonistes, logés à la même enseigne (y compris une femme cette fois, ce qui va faire grincer des dents, à tort). L'exposition est longue, peut-être trop, mais essentielle à la mise en place du jeu de massacre et surtout à la tension que veut instiller QT. Et pourtant, malgré des personnages encore une fois méticuleusement construits et une structure narrative aussi dense et complexe que ludique et parfois inattendue, il est évident, une fois tous les tenants dévoilés, que l'édifice aussi imposant soit-il comporte quelques failles de construction et beaucoup, beaucoup de pistes sous-exploitées. Il est important de ne pas spoiler, donc je ne développerai pas outre mesure, mais il semble que certains personnages se soient outrageusement compliqué la tâche, ce qui menace un peu la crédibilité de l'histoire quand on y repense.


Pour autant, le corps de ce QT cru 2016 a largement de quoi flatter le palais, et les acteurs rivalisent d'excellence (malgré un doublage parfois à la ramasse, en particulier pour les pauvres Walton Goggins et Jennifer Jason Leigh). Sans être aussi incontestable que "Django Unchained", ce "Hateful Eight" possède assez de personnalité pour marquer les esprits.

Créée

le 19 janv. 2016

Critique lue 267 fois

2 j'aime

magyalmar

Écrit par

Critique lue 267 fois

2

D'autres avis sur Les 8 Salopards

Les 8 Salopards
KingRabbit
8

Peckinpah Hardcore

Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...

le 25 déc. 2015

259 j'aime

26

Les 8 Salopards
Sergent_Pepper
7

8 hommes en polaires

On pourrait gloser des heures sur chaque nouvel opus de Tarantino, attendu comme le messie par les uns, avec les crocs par les autres. On pourrait aussi simplement dire qu’il fait des bons films, et...

le 9 janv. 2016

206 j'aime

31

Les 8 Salopards
Velvetman
8

Oh, you believe in Jesus now, huh, bitch? Good, 'cause you gonna meet him!

Crucifiée, les yeux tournés vers une terre enneigée, une statue christique enclavée au sol observe de loin cette Amérique qui subit les cicatrisations cathartiques du clivage des contrées du Nord...

le 6 janv. 2016

143 j'aime

20

Du même critique

L'Argent
magyalmar
1

Compte dormant

Sans doute fatigué de pondre des drames chiants pour neurasthéniques masochistes, Robert Bresson s'est surpassé afin de nous offrir son ultime chef d'oeuvre, une parabole de science-fiction sous...

le 26 mars 2018

30 j'aime

3

Les Désaxés
magyalmar
5

Huston, le monde Huston

Honnêtement, je pense qu'Arthur Miller aurait pu broder une merveille de scénario en se contentant de la dernière scène dans le désert du Nevada, où tout est dit. Après tout, un bon exemple vaut...

le 2 avr. 2016

23 j'aime

2

Le Guerrier silencieux - Valhalla Rising
magyalmar
1

Alors c'est ça l'enfer

Refn est un sacré déconneur. Le défi de départ était excitant : écrire un scénario en 5 minutes. Malheureusement Nicolas dut se rendre à l'évidence. Ecrire plus de deux pages en 5 minutes c'est pas...

le 4 janv. 2014

20 j'aime

1