Ça fait quelque temps que me trotte dans la tête l’idée de revoir Con Air. Pourtant je sais que ça ne va pas être terrible, que derrière la caméra se tient Simon West (sous-Michael Bay jouant au coude à coude avec Paul W.S. Anderson dans la catégorie), et que même à l’époque où je l’ai vu, au tournant du millénaire et du haut de mon jeune âge, je trouvais déjà ça très douteux. Mais voilà, je voulais le revoir, et je dois avouer que dès les premières minutes, dès la scène qui introduit le personnage de Nicolas Cage (Cameron Poe) je n’ai pas été déçu.
Trente seconde de montage sur la valeur inestimable des US Rangers, un retour au bercail auprès de sa blonde à Mobile, Alabama (la ville des vrais ricains si j’en crois Hollywood), et une première adresse à son ventre rebondi et la petite en devenir qui s’y tient: “You’re gonna be Miss Alabama and make your father so proud”. Des ambitions pures et simples pour sa descendance, pas de chichis de valorisation passant par autre chose que des mensurations bien proportionnées. Soit.
Ça se passe dans un boui-boui de bouseux, donc forcément comme sa nana elle est pas laide, ça attise la jalousie d’un groupe de péquenauds locos qui vont venir chercher Cage par la Poe du cou. Et là, en terme de cliché du crétin qui vient chercher la merde au mauvais mec dans un bar, celui-ci détient la palme du septième art. On aura rarement vu autant de forcing. Parce que si dans un premier temps la belle parvient à détourner l’ire de son homme par un suave “Dance with me Daddy” (le bonheur d'un psy), l’autre soudard revient à la charge et finit par se prendre une mandale fatale. Du coup hop, au trou le Poe, parce que vu que c’est une bidasse, il devrait savoir que son corps est une arme létale (comme dans Bloodsport) et qu’il a pas le droit de se défendre contre quatre types avec des barres de fer.
Voilà, ça c’est les cinq premières minutes de Con Air. Assez de temps pour placer un paquet de marqueurs inquiétants d’entrée de jeu, et pour se dire qu’on espère que le reste ne sera pas dans la retenue car au moins c’est ludique dans la beauferie. Et qu’au moins on ne perdra pas de temps à traîner dans la base besogne qu’est la création de personnages et d’enjeux personnels (là, ça sera finalement “bros before hoes”, Poe restant dans l’avion pour son pote plutôt que de rentrer retrouver sa famille).
Du coup tous les personnages sont caricaturaux, le plan de détournement aérien complètement pété, les punchlines moisies (“I’m gonna show you God does exist!” puis tirs dans le tas), et la subtilité un concept étranger. Mais c’est aussi assez bien rythmé, filmé convenablement, et le cast riche en seconds couteaux (à défaut d’être prestigieux) donne du cabotinage à ne plus savoir quoi en faire. Et puis il y a la coupe de cheveux de Cage montrant que vu son côté énervé, il est pas au déca, Meron
Con Air est une daube. Mais une daube divertissante de par la désuétude qui accompagne l’intégralité de ses composants. Jusqu’à ces riffs de guitare ringards qui dégoulinent dès qu’il y a émotion ou explosion (vu que c’est traité pareil). Exactement ce à quoi je m’attendais.
P.S.: Pour l’anecdote, il y a dans la B.O. une section de cordes répétée tout le métrage qui semble être la base du hook de 50 Cents dans In da Club (à 2:22 et 4:35)