Un David Lean méconnu, porté par la prestation du splendide Claude Rains, que j’avais découvert dans Notorious et qui m’apparaît maintenant comme un acteur mésestimé, avec son charisme naturel, son jeu pudique et sa voix très profonde.
L’histoire des Amants passionnés est relativement classique. Bien que l’intrigue eût pu rapidement tomber dans la mièvrerie, il se dégage au contraire de ce film une retenue, une morgue très british qui contribuent à lui donner un cachet particulier, sublimées par une fin bien sentie.
Tout se joue en fait dans l’introspection du protagoniste (joué par Ann Todd), menée de main de maître par le cinéaste anglais grâce à une très belle mise en scène. Dès le début du film Lean nous assène un double retour en arrière, l’un étant « emboîté » dans l’autre. Il s’agit de l’un des flashbacks les plus réussis que j’ai vu au cinéma, grâce à un montage onirique et poétique, qui n’alourdit pas la narration.
Le tout est soutenu par une bande-son discrète mais émouvante, en contraste avec celle que les mélodrames hollywoodiens avaient l’habitude de proposer à la même époque (grandiloquente, pathétique).
Et puis il ressort de cette histoire toute une foule de contradictions que le film ne résoudra pas à proprement parler. J’aime ces films qui laissent des pistes inexplorées, qui ne disent pas tout, et laissent se dérouler sous nos yeux les ressorts de la grande tragédie humaine.