Encore raté pour ce 3ème opus d’une franchise qui comme je le craignais n’apporte rien au monde des sorciers, et tend à montrer que les Harry Potter se suffisaient à eux-mêmes. A l'image de son titre, le film est tiraillé entre son identité propre, c’est-à-dire le volet « animaux fantastiques », sa toile de fond qu’est la rivalité Dumbledore/Grindelwald, et sa tentation permanente de s'assurer de plaire à un socle d'amateurs en se raccrochant à la série originelle à grands coups de fan service peu pertinent. Bref la franchise semble naviguer à vue et ça se sent.


Cet opus se retrouve ainsi à composer avec plusieurs personnages dont il ne sait que faire, entre l’héroïne Tina qui a carrément disparu de la circulation, Yusuf qui n’apporte absolument rien aux évènements, le moldu Jacob dont on se demande bien ce qu’il fait là si ce n’est incarner la caution comique du scénario, et la trame « Croyance » qui laisse à gout amer de « tout ça pour ça ». Ce douloureux traitement des personnages montre bien qu’il n’y avait pas de trajectoire de prévue pour chacun d'eux sur la durée de la franchise. Et ceci sans même parler de Norbert Dragonneau dont les créatures magiques semblent être bien encombrantes pour les scénaristes qui nous les refourguent à toutes les sauces, et se paient même le luxe d’en inventer une quasi-consubstantielle au monde de la magie et dont on n’avait curieusement jamais entendu parler. Très fâcheux tant la bestiole par ses capacités est au cœur du complot qui se trame pour rien de moins que prendre la tête de la communauté magique mondiale.


Parlons-en de ce complot bien peu captivant, dont les enjeux sont les mêmes que dans la série originelle, à savoir mettre un terme à la montée d’un pouvoir raciste dans le monde des sorciers. Son traitement se résume à une succession de péripéties sans queue ni tête (le passage de la prison en est l'exemple type, mais aussi la tentative d’assassinat, le cache-cache avec les valises, et même l’affrontement Dumbledore-Croyance qui se règle aussi soudainement qu'il est arrivé) d’une bande hétéroclite de héros malgré-eux, qui étonnamment sont les seules ressources mobilisables du monde magique (au point qu’on nous explique texto que la cheffe américaine des Auror, Tina donc, a mieux à faire que de s’occuper d’empêcher l'avènement de Grindelwald qu’on nous vend pourtant comme une menace existentielle pour l’humanité et le monde des sorciers… logique – aussi logique d’ailleurs que de constater que ledit méchant comploteur à quasiment pignon sur rue dans son manoir). L’aboutissement de cette quête laborieuse est une cérémonie lunaire où une sorte de faon va désigner par une courbette le leader du monde magique (oui oui !). Et tout ce petit monde de se retrouver au sommet d’une colline himalayenne pour résoudre toutes les intrigues d’un coup dans un affrontement dont les règles semblent sortir de l’imagination de Perceval (Robobrol, jeu de balle, sloubi, au choix). Car comme le spectateur, la large majorité des personnes sur place se demandent bien comment ils doivent réagir face à ce climax bancal, moins tétanisés par la tension que par l’absurdité de la scène devant leurs yeux (on passera encore une fois sur le fait que ce sont les pontes du monde magique qui sont pourtant d'une passivité effarante).


L’ensemble est donc laborieux, sans rythme, sans tension, on a le sentiment permanent que rien n’a été pensé dans sa globalité, que tout semble improvisé au fur et à mesure, si ce n'est de distiller suffisamment de fan service pour contenter les plus fervents amateurs du monde des sorciers, et surtout de s'assurer de ne pas fermer la porte à une suite en s’abstenant de véritablement conclure. Ce qui est bien tout le drame de cet opus, qui finalement n’a, pas plus que le deuxième, fait avancer la trame. Tout juste s’est-il plus ou moins subtilement débarrassé de personnages encombrants. Mais pour le reste, on n’a que très peu appris de Dumbledore et de son secret, Grindelwald en est à peu près au même point de son projet, et le monde des sorciers lui continue de perdre en cohérence globale au fur et à mesure qu’il prend de l'ampleur, le malheur étant que cela commence à saper les fondations même de la série originelle.


Bref un coup d’épée dans l’eau, un épisode inutile, où tout n’est certes pas à jeter pour autant (costumes, décors, musiques sont autant de points positifs) mais qui malheureusement ne parvient pas à nous épargner ce sentiment de dépit. Difficile en l'état de s'enthousiasmer de la perspective d'un 4ème opus.

Eldgj
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le 5 mai 2022

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Eldgjá

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