Dans le cinéma français d'aujourd'hui, c'est très simple, il y a les films bobotisants avec messages politiques implicites et préoccupations sociales en toile de fond, et il y a Luc Besson, qui se contente simplement de faire du vrai cinéma sans aucune propagande ni prétention que ce soit, si ce n'est celle de divertir son public. Une façon de faire "à l'américaine" qui se heurte à chaque nouvelle sortie à l'incompréhension du public français élitiste, et au mépris des autres qui disent systématiquement que c'est moyen voire mauvais en comparaison de ce que fait le cinéma de divertissement américain. Sauf que Luc Besson ne dispose pas des mêmes moyens financiers et techniques qu'outre-Atlantique, semblent-ils oublier. Son cinéma n'est pas exempt de défauts, loin de là, mais il serait bête de bouder notre plaisir avec ce réalisateur ambitieux qui ose aller à contre-courant dans une industrie cinématographique française en grand manque d'inspiration.


Cette adaptation de la bande dessinée de Tardi est un plaisir de chaque instant, principalement grâce à la fraîcheur de son actrice principale, la jolie et pétillante Louise Bourgoin. La comédienne nous compose un jeu délicieusement pince-sans-rire et cynique, qui colle à merveille avec le personnage de papier. C'est toutefois dommage qu'elle rende trop souvent sa voix désagréable en accélérant son débit de parole plus que de raison, ce qui fait qu'elle manque quelquefois de naturel. Un défaut finalement assez courant parmi les actrices françaises...


Dans un cinéma français qui n'est pas trop habitué à faire ce genre de chose, il faut tout de même reconnaître que les effets spéciaux de ce film ne sont pas mal du tout, même si le rendu des créatures de synthèse est parfois inégal. Alors que le ptérodactyle est visuellement très réussi, les momies le sont beaucoup moins. Mais ce qui épate le plus, ce sont les prothèses et maquillages utilisés pour grimer les acteurs en personnages de bande dessinée plus vrais que nature. Le passage où l'héroïne se métamorphose en des intervenants variés, pour libérer le professeur de ses geôliers, est absolument bluffant.


Concernant les décors, la reconstitution du Paris de l'époque est absolument admirable, tandis que les thèmes musicaux de Éric Serra sont des plus entraînants.


Le plus américain des cinéastes français nous offre une réjouissante comédie d'aventure, colorée, rythmée et attachante, possédant des qualités indéniables qui priment sur les quelques défauts. N'en déplaise aux ronchons, cette adaptation de la bande dessinée de Tardi est donc une très bonne surprise qui change de la médiocrité ambiante de notre cher cinéma français. Si Luc Besson n'existait pas, il faudrait l'inventer. Une suite ne serait pas de refus, d'autant plus que la fin reste très ouverte...

Libellool
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2012 ✌ Films vus et 2015 ✌ Films vus

Créée

le 22 févr. 2015

Critique lue 845 fois

9 j'aime

14 commentaires

Libellool

Écrit par

Critique lue 845 fois

9
14

D'autres avis sur Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec

Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec
Lunem
1

Spoiler de qualitay: ouh, c'est vraiment mauvais.

Tout était priceless jusque dans les moindre détails: des fausses oreilles en papier mâché au sketch hilarant de la prison en passant par le tennis-drama. N'oublions pas le ptérodactyle façon grand...

le 7 nov. 2010

37 j'aime

3

Du même critique

Interstellar
Libellool
9

Un second visionnage qui change la donne

Si un beau steelbook tentateur n'était pas sorti, j'aurai certainement fait l'impasse sur le revisionnage de ce film qui m'avait laissé un avis trop mitigé lors de ma séance ciné. Donc merci à la...

le 12 juin 2015

79 j'aime

14

L'Aventure de Mme Muir
Libellool
10

Les brumes de l'amour

Avec ce film, Joseph L. Mankiewicz signe l'une des plus belles et originales romances de l'histoire du cinéma. Cela en offrant à son héroïne l'opportunité de tomber sous le charme d'un ancien marin...

le 11 janv. 2014

70 j'aime

26

Inception
Libellool
10

Requiem for a Dream(s)

À l'été 2010, après avoir hésité un moment à aller voir LE blockbuster évènement du moment, j'ai fini par me laisser convaincre par quelques bandes-annonces intrigantes qui laissaient entendre que...

le 15 avr. 2015

59 j'aime

9