Ravi de la crèche entouré d'un âne&vache,observés par une soeur Vierge. L'Amitié en chemin de croix.

"Fuck them Gobshite !"..."J'emmerde tous ces connards!"
"Do you ever feel lonely?"..."Et toi, tu te sens jamais seule?"

Un excellent statut sur SC s'amuse à faire le lien entre la sortie du film en 2022 et l'entrée en 2023 du mot « ghoster » dans le dictionnaire: veut dire « rompre soudainement tout contact avec quelqu'un sans fournir d'explication ». Colin Farrell joue ici un (éclaireur SC) ghosted sans raison donnée par Brendan Gleeson.

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J'ai vu ce film il y a maintenant quelques semaines et pas en salle, pourtant je m'en rappelle encore avec joie et retrouve mon sourire quand je pense par exemple au barman s'écriant qu'il ne serait plus "qu'une tête" s'il s'était amputé un peu chaque fois qu'un client était chiant (ce serait un suicide aussi par petits bouts). Ce barman est joué par Pat Shortt.

Pat Shortt est en duo hilarant Dupont Dupond au bar avec un Jon Kenny.

Duo à la Dupont/Dupond visuel car ils se ressemblent mais aussi sonore car ils se répètent et complètent.

David Pearse, le prêtre m'est aussi mémorable (surtout la scène de confession).

Je souris mais quand même avec des ombres de tristesse car tout n'est pas drôle du tout, mais comme la vie, le nuancier d'émotions se révèle varié.

Je trouve par exemple la fin pleine d'espoir: la crise psychotique de l'un se termine, pendant que l'autre prend de la maturité et a appris l'écoute. Son apprentissage lui a quand même coûté un âne nain...

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Un film et une île, où un Ravi de la crèche est comme le christ, entouré d'un âne nain et vache maison, observés par une soeur vierge, dans l'ombre d'une statue de Marie ou d'une croix celtique. Sur des chemins et un montage parsemés de croix.

Un film où un dépressif se sent mourir d'ennui mais à petit feu. Et décide de se suicider mais par petits bouts aussi, par prélèvement ...

...ça me rappelle que Freddy Krueger, aussi pour s'expliquer, se coupait aussi des doigts. Mais je ne pense pas que ce fût aussi un appel à l'aide et suicide par morceaux. Plutôt un doigt d'honneur.

Brendan Gleeson et son chien, en Grincheux aux mains rouges, me rappelle Goupi mains rouges et son chien.

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Comme le 'Diner de cons' ou 'l'Emmerdeur' nous le rappelaient, certaines amitiés peuvent être de vrais chemins de croix...croix qui sont nombreuses ici dans le paysage, dans le montage et sur les épaules.

Jacques Villeret pouvait parler pendant deux heures de train de ses allumettes à l'ami de Thierry Lhermitte et Colin Farrell, qui ne s'imaginait pas un jour associé à un petit gros, peut parler "deux heures du contenu du caca de son âne" (ou de son poney; c'est un débat; soyons attentif).

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Plusieurs fois, les personnages sont filmés observant le soleil couchant: c'est leur cinéma panoramique; leur feu d'artifice.

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« La Sainte Alliance du sabre et du goupillon » en image au montage:

Juste après que le policier cogne par surprise le fermier...le montage décide de le montrer, filmé copain comme cochon, accueillant le curé qui débarque sur le port. Le policier s'avèrera un porc pédophile incestueux.

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Dés le début, le film est bourré de beaux signes religieux: le gentil fermier marche ravi souriant à tout le monde, "heu-reux" dans sa campagne comme disait un sketch du standuper Fernand Raynaud...dés ce début, il croise une croix Celtique; il est observé de dos par la Vierge Marie avec à l'horizon un trio de croix, quasi de calvaire.

Et quand à la fenêtre de son ami, il lui fait signe qu'il monte au pub: le plan est sur son bout de doigt pointé vers le haut ...de l'intérieur, du point de vue de son ami sur sa chaise, le souriant ravi de la crèche doit alors à ce moment où il pointe du doigt, doit ressembler au geste et doigt dans un tableau de Leonardo de Vinci (que je découvre utilisé par Radio France "pour indiquer la direction des toilettes", ici , c'est du Pub).

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J'ai bien sur aimé ce plan sur ce calvaire de croix à l'horizon dés le début où Joyeux, alors sans son âne nain va affronter pour la première fois, le silence de son ami.

Le calvaire est ce que subit aussi son ami.

Le Calvaire est aussi un film du frère du réalisateur où jouait aussi Brendan Gleeson où c'était pas l'étau de l'ennui mortelle qui le serrait, mais une menace physique sur sa personne de prêtre suite à aussi une confession.

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Autre personnage parmi tous ces santons de la crèche irlandaise que j'aime beaucoup est le simplet amoureux...il se révèle victime d'abus sexuels et surtout pas si simplet que cela , surtout en VO.

Voir la scène en VO où il utilise l'expression sophistiquée "touché" où dans un moment très drôle, Colin Farrell déjà triste et au bout du rouleau, découvre soudain de surcroit qu'il a peut-être moins de culture que l' Idiot du Village...(C'est la 37e minute, et c'est un twist pour lui. Tout son monde s'écroulait déjà, mais il se découvre con).

Son double, le dépassant soudain, est joué par un Barry Keoghan: celui qui a le plus d'émotions variées à jouer. Il est à Colin Farrell, ce que ce dernier est à Brendan Gleeson. Un voisin cherchant son amitié, en vain.

Peu de temps avant, assis sur sa charrette, il avait croisé la sorte de vieille indienne à calumet, qui ricanait à son passage car il était à son tour la bête-à-éviter...elle le regardait, genre de dire, "bienvenu à mon club des boulets". (la soeur libraire, se cache derrière des murets pour ne pas avoir à la croiser...et v'là-t'y pas que Colin découvre qu'il est soudain devenu cette petite vieille aux yeux de son Brendan).

Son déclassement social l'afflige: il passe dans le sac des vieilles et se découvre le seul idiot du coin.

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En revanche, toutes les allusions avec le conflit qu'ils entendent et voient par delà l'eau entourant l'île, m'a un peu échappé cette fois: leur mini conflit sur l'île, s'envenimant, est sans doute une métaphore du grand conflit Irlandais...dont la communauté et amitiés se déchirent à plus grande échelle de la même manière que dans le mini échantillon que tous ces personnages représentent...

On voit Patrick (nom de Saint) se dire: "Bonne chance, quelle que soit la raison vous vous bataillez"...alors qu'il cherchait lui-même la raison pour laquelle son ami se bataille avec lui ("rowing").

Plus tard, juste au moment où la soeur de Patrick porte un doigt dans justement un mini cercueil (une boite à chaussures), elle entendra des explosions de ce conflit: lui aussi bourré de cercueils; d'enterrements et une même famille qui s'ampute aussi? (une vraie Zizanie entre amis et familles, en moins drôle que chez Goscinny).

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Sur le même genre de dialogues entre amis qui se font des reproches: je conseille 'Pour un oui ou pour un non' de Jacques Doillon avec Trintignant et Dussollier. Qui se disputent aussi mais lentement mais surement pour l'interprétation d'un seul mot et sur la longueur et la signification d'une pause, entre deux mots...dans: "C'est bien, ça".

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Quand Colin parle de la gentillesse: qu'il ne savait pas qu'elle n'était plus à la mode, qu'il fut un temps où "être un gars bien", être "un gars gentil", était suffisant...son visage et expressions m'ont rappelé Podalydés découvrant que c'est hélas désormais ringard dans "Les 2 Alfred".

Ou Tom Hanks jouant le vrai animateur de télé 'Mr Rogers' , hyper à la mode dans le passé et le parangon de la gentillesse dans L'extraordinaire Mr Rogers (émouvant).

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J'ai aimé cet homme qui a un âne nain comme chien,

et qui est lui-même un âne auprès de son ami. Au point d'en devenir un boulet, le poussant au suicide...un temps.

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le 2 juin 2023

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PierreAmo

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