Quatre hommes tabassent à mort un type à terre. L'ado (nommé Tolly Devlin) qui voit ce crime sait que c'est son père qui vient de mourir et n'aura de cesse de le venger en tuant ses quatre bourreaux.
Tel est le point de départ de ce film qui est vraiment formidable, et, je le dis tout de suite, un des meilleurs de Samuel Fuller.

Tout comme le héros, on sent que Fuller a comme une rage de filmer et de le présenter comme un vrai salaud. Jamais il n'apparait comme sympathique, il se sert de tout le monde pour arriver à ses fins, refuse l'amour d'une ex-prostituée, et ira même, ô sacrilège, jusqu'à écraser une petite fille dont il avait sympathisé quelques minutes auparavant !

C'est un film sur la vengeance, et celle-ci se fait vraiment dans des bas-fonds, où on a droit à une Amérique pas vraiment sympathique, comme si celle-ci s'était confinée dans l'âme de ce type, qui est une vraie ordure.
Il est à noter que c'est un voleur, donc il n'utilise jamais d'armes à feu.

C'est très difficile de faire un film sur un vengeur qu'on peut ne pas aimer, car il a très peu d'humanité, sauf avec sa mère adoptive qui le relie encore un peu avec le monde réel, et lorsque sa petite amie veut l'épouser, il est tellement omnibulé par son idéal qu'il se rendra compte à la fin du film que tout ça va trop loin.

Vrai film noir, Samuel Fuller nous orchestre une réalisation de haute volée, avec ce plan fantastique où le meurtre initial n'est filmé qu'à travers les ombres projetées sur un mur. Il y a aussi un autre plan incroyable sur un fondu enchainé, où ce jeune homme s'endort en serrant les poings, et on voit tout de suite ce poing tenter d'ouvrir un coffre, mais où la transition est très fluide.

Pour ceux qui ont lu l'autobiographie de Fuller, on sait que ce dernier a un humour souvent noir, et ça se vérifie encore ici avec une scène où, après qu'un des types meurt brulé, quelqu'un demande si on n'a pas du feu pour sa cigarette, ou quand Devlin ramène une dinde déplumée à sa mère adoptive juste après avoir tué un homme.

Après, on peut arguer que Cliff Robertson n'est pas un acteur très expressif, mais je pense que Fuller se sert de ça pour montrer qu'il devient une machine, et que les méchantssont parfois montrés de façon un peu trop appuyés, mais j'applaudis des deux mains ce film assez désespéré, où l'espoir est clairement au vestiaire, mais j'en retiens cette rage qui en émane, c'est très impressionnant !
Boubakar
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le 18 nov. 2012

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Boubakar

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