Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

"Les Chiens de Paille" constitue en quelque sorte un jumeau artistique des "Funny Games" du bon vieux Haneke. C'est l'exploitation d'un concept sadique, parfois même un peu trop raccoleur, dans le but d'illustrer certains travers de la Nature Humaine, puis pour entamer une fascinante réflexion sur la Violence. Tout comme "Orange Mécanique" sorti la même décennie, sa sortie avait défrayé la chronique à l'époque, s'attirant rapidement les foudres de la censure. Fort heuresement, son exploitation DVD l'aura fait ressusciter.

Le pitch est encore une fois relativement simple. Un couple décide de passer quelques jours au calme dans leur maison de campagne. Tranquillité rapidement rompue par un groupe d'hommes et par certains villageois, venus spécialement rompre l'équilibre du couple, par le biais d'un harcelement pervers et répété, aussi bien physique que moral. Les caractéristiques et les personnalités des deux amoureux occupent une place prépondérante dans le drame qui se trame à l'horizon. Campé par un Dustin Hoffman au sommet de sa gloire, le mari est un gentil chercheur, un intellectuel-mathématicien timide, réservé, allons même jusqu'à dire carrément coincé, tandis que sa femme est belle, sexy, parfois meme vulgaire et provocatrice.

Rapidement mis dans une situation délicate, en partie à caûse du manque de pudeur de cette femme, beaucoup d'hommes ont des vues sur elle et de fortes attirances sexuelles à son égard. C'est ainsi qu'aura lieu une scène de viol aussi polémique, qu'impitoyable, où la victime semblera peu à peu devenir consentante, sûrement à caûse des problèmes sexuelles de son couple. Face aux incidents qui surviennent, le mari se doit normalement de réagir pour défendre sa bien-aimée et jouer son rôle légitime de protecteur. Sauf qu'ici, le mari est mou, passif, attentiste, et donc impuissant. La gravité croissante des actes de harcelement, s'accompagne d'une augmentation progressive de la tension, pour mener à l'inévitable, à l'inéductale, à l'inéxorable.

Les séquences finales atteignent une intensité monstrueuse rarement atteinte auparavant. Un déferlement de violence inouie transcende ces êtres, pour réveler notre véritable Nature, à savoir l'Homme à l'état sauvage. Un état que nous sommes depuis longtemps habitué à renier et à contenir en nous pour le bien de la vie en communauté. A travers ce récit, l'auteur avance la théorie du point de rupture. Chaque individu, en fonction de son vécu, de sa génétique, de son éducation, possède une capacité plus ou moins importante, à résister aux brimades quand il est passif. Cet instinct de survie se libère à des moments innattendus et reste totalement imprévisible. Et ce film nous prouve que, plus ce point de rupture survient tard, plus la libération de violence est surpuissante.

Les points positifs sont donc un excellent concept, une mise en scène au top, une mise en place réussie, de bons personnages, une construction efficace. Par contre, ça a pris un sacré coup de vieux encore une fois, notamment avec les habillements, le son, les teintes d'images, le rythme, les dialogues. Dommage que ça mette aussi autant de temps à démarrer. Pas mal de longueurs sinon, mais globalement, le bilan est positif. Un classique indispensable à la sauce Peckinpah, honnête avec ce qu'il veut nous proposer.

D'un pessimisme noir, la morale de l'oeuvre doit toutefois être relativiser car le cinéaste était en pleine crise d'alcoolisme pendant le tournage. Nul doute que cette morale est pour moi une belle foutaise car elle nous impose le fait que la Violence est une solution obligatoire, imposée par la société, pour la conservation d'une vie normale. Nul doute aussi que la replique malsaine prononcée cyniquement par le mari après son carnage restera dans les annales.
TheStalker

Écrit par

Critique lue 430 fois

3
1

D'autres avis sur Les Chiens de paille

Les Chiens de paille
Sergent_Pepper
7

État de piège

Quel que soit le sujet qu’il aborde, Peckinpah n’a eu de cesse d’illustrer ce que l’individu peut avoir de plus mauvais : en décapant le glamour des amants criminels dans Guet-Apens, des héros du...

le 22 mars 2017

67 j'aime

4

Les Chiens de paille
Taurusel
9

L'Homme à l'état sauvage

Sam Peckinpah est vraiment un réalisateur hors du commun. En défiant constamment la chronique par sa manière de dénoncer les faux-semblants acquis par l'Homme civilisé, il peut certainement être...

le 12 mai 2012

54 j'aime

14

Les Chiens de paille
Torpenn
7

Les comptes d'Hoffman

Dustin, mathématicien américain, vient s'installer en Cornouailles chez les bouseux, avec sa femme... Neutre et lâche de nature, Dustin va devoir se réveiller pour protéger un tueur d'enfants de la...

le 1 janv. 2011

40 j'aime

7

Du même critique

Le Fossoyeur de films
TheStalker
7

Il creuse, il creuse et comble un vide ...

Bonjour à tous ! Ici TheStalker et aujourd'hui j'ai déterré pour vous un sujet qui nous concerne tous, ô sens critiqueurs et internautes de tout horizons : Nous allons parler d'un des plus...

le 21 mai 2014

41 j'aime

10

Her
TheStalker
10

La magie de l'émotion.

Ouahh !! Que dire ? Si ce n'est que je viens tout juste de vivre ma plus belle expérience dans une salle obscure. Le jour des mes 16 ans, j'ai eu la chance de contempler la petite merveille du...

le 22 mars 2014

34 j'aime

5

La Haine
TheStalker
8

La banlieue c'est pas rose, la banlieue c'est morose ...

"La Haine" est un excellent film d'auteur français réalisé et sorti en 1995 par Matthieu Kassovitz. Pour son 2ème long-métrage, le cinéaste va observer et scruter un microcosme assez peu représenté...

le 15 mars 2014

26 j'aime

10