A l'ombre des jeunes flics en pleurs

Pour celui ou celle qui n'a jamais connu du metteur en scène Jean-Pierre Mocky que ses propos désabusés sur le cinéma qui fout le camp, ou l'épisode Le parapluie de Cherbourg de Strip-tease où on découvre ses coups de gueule contre les deux abrutis qui traversent le champ de la caméra ou son pétage de plomb contre ce con de perchman qui n'est pas là quand il le faut , il doit voir les Compagnons de la Marguerite pour constater qu'avec une bande de copains comme acteurs et l'enthousiasme de la jeunesse Mocky avait trouvé la bonne recette pour nous faire rire en se moquant de ses têtes de turc préférées, les flics.

Dans un commissariat de police aux allures de basse-cour, des poulets fort peu impliqués dans leur boulot passent le plus clair de leur temps à se faire rôtir des pigeons.

L'un deux, suspicieux et enragé, le dénommé Leloup (Francis Blanche) a les dents longues et veut grimper dans la hiérarchie.

Il est marié par on ne sait quel miracle avec une jeune et jolie minette Martine (Paola Pitagora célèbre actrice en Italie).

Comme notre poulet se croit très malin, il se met en tête de filer un jeune et élégant restaurateur de manuscrits surnommé Matou (Claude Rich) qu'il suspecte d'être un faussaire.

Ce Matou est marié à une partenaire qui somnole le plus clair de son temps devant la télé et tout naturellement, sans penser à mal, il tombe dans le piège que lui tend Leloup qui consiste à le pousser à falsifier des papiers officiels sous le prétexte de changer de partenaire.

C'est dans ce scénario aux allures de fable que Mocky filme une histoire poétique et drôle. Il impliquera par la suite dans le trafic de faux papiers un Michel Serrault confronté à une épouse particulièrement autoritaire.

L'histoire se déroulant avant mai 68 a un goût de suranné et il ne faut surtout pas y chercher la moindre parcelle de vraisemblance, d'autant plus que le divorce est devenu facile d'un point de vue administratif de nos jours, mais l'important est le ton du film, bon enfant et sans prétention. Les gags sont assez énormes, les flics particulièrement crétins se déguisent en statues de plâtre qui s'entrechoquent, comme des personnages de BD, ce style d'humour doit paraître sûrement étrange pour les plus jeunes mais les Compagnons de la Marguerite réussit l'essentiel : nous faire passer un bon moment.

_Mais alors, Matou m'a piqué ma femme ! Pour de bon ! Ma Martine ! Aouououououh !

_Leloup ! Cessez donc de hurler !