Je suis sorti du film avec la désagréable impression de n'en avoir vu que la moitié, deux heures presque entièrement tournées vers l'exposition. Crimes of the future est bavard, très dense en informations, explique souvent son scénario pour ne pas perdre le spectateur et explicite sans cesse ses enjeux philosophiques au lieu de nous les transmettre par le récit. Il y a finalement assez peu de séquences sensorielles qui vivent par elles-mêmes, ce qui est d'autant plus dommage que les scènes de performance sont vraiment réussies et perturbantes, on ressent les questionnements sur l'art et le corps au plus profond de soi, et c'est là que Cronenberg excelle. Même dans Cosmopolis, qui est tout aussi bavard que Crimes of the future, la mise en scène glaciale nous orientait bien plus sur le propos du film que les dialogues. Léa Seydoux est magistrale, sa relation avec Viggo Mortensen fonctionne très bien (ce désir romantique à sens unique, cette complicité sexuelle mêlée à l'ironie dramatique quant au fait que Saul soit un indic). Je garderai surtout en tête quelques belles images morbides et ce monde à bout de souffle qui sonne volontairement faux, dans lequel j'ai adoré me plonger.