En quelques lignes :


Pendant qu’un requin féroce terrorise la population d’une île et multiplie ses victimes, le trio improbable formé d’un chef de police, un pêcheur et un expert maritime se met sur la trace du géant pour le réduire à néant.


Et en un peu plus :


Le thème de la saison est « Ça va couper, chérie ! ». Que coupe-t-on donc ? Ici, c’est éminemment le souffle que l’on cherche à couper. Tous les moyens sont mis en œuvre pour y parvenir.


Premièrement, le réalisateur profite du mystère déjà présent dans l’eau et ses créatures fantastiques. Qu’y a-t-il donc sous cette couverture fraîche et paisible que sont nos pâles étendues ? C’est cette coupure entre notre monde allègre, ensoleillé et le monde profond et toujours inconnu des profondeurs de la mer qui est exploitée pour faire naître un pénétrant sentiment d’angoisse chez le spectateur.
Pour accentuer ce suspense, la musique nous délecte aussi. Son rythme entrecoupé, que l’on reconnaîtra aisément, similaire à un battement de cœur toujours plus sourd et rapide est d’un sinistre menaçant.


Les silences sont tout autant importants que le reste, et ici d’un effet sensationnel, par exemple lorsqu’on décide de couper brutalement une scène atroce, nous laissant un souvenir de ce qui vient de se passer et nous octroyant le temps d’apprécier l’étendue des abominations dans ce silence lugubre.


La caméra coupe, elle aussi, certaines choses de son cadre. Le réalisateur ne nous montre, à travers la fenêtre de son monde, qu’une partie des horreurs auxquelles nous faisons face, nous laissant tout le loisir d’imaginer, ou non, les atrocités devant nous, ce qui, d’ailleurs, ne diminue aucunement leur effet. Ces omissions volontaires sont aussi utilisées pour faire varier les perspectives et les plaisirs, par exemple en suggérant la présence du monstre en nous montrant son point de vue “par-dessous”, qui serait probablement tout à fait anodin hors contexte.


Ainsi, c’est cette coupure entre ces deux mondes, cette coupure entre le réel et nos fantasmes, cette coupure entre ce que nous savons et ce que nous imaginons qui nous coupe le souffle, qui coupe notre cœur et notre esprit, qui nous emplit d’épouvante et nous fait frémir de plaisir.


Pour le Cinéclub,
René


Bonus: en quelques images
https://youtu.be/QsMhZQWpJ0Y

FenêtresSurCour
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Saison 2019-2020 - Ça va couper, chérie!

Créée

le 2 mars 2020

Critique lue 147 fois

1 j'aime

Critique lue 147 fois

1

D'autres avis sur Les Dents de la mer

Les Dents de la mer
Sergent_Pepper
9

We’re gonna feed a bigger throat.

Autour de l’île d’Amity, l’eau qui scintille est une promesse universelle de loisir. Pour les étudiants et leurs joints, dont les bains de minuit forgent parmi les plus beaux souvenirs d’une jeunesse...

le 14 sept. 2014

108 j'aime

15

Les Dents de la mer
DjeeVanCleef
10

Derrière la porte (entrou)verte..

La première fois que j'ai vu ce film, crois-moi si tu veux, c'était sur FR3. L’ancêtre de France3. Et ça devait être un jeudi, il me semble. Je l'ai vu, accroupi derrière la porte du salon...

le 11 oct. 2013

89 j'aime

41

Du même critique

Elephant Man
FenêtresSurCour
8

Plutôt Man qu'Elephant

En deux lignes :Un médecin londonien prend sous son aile un jeune homme atteint de difformitésmonstrueuses.En un peu plus :Elephant Man est un monument du cinéma des années 80. Il s’agit d’un film...

le 26 avr. 2023

1 j'aime

Alien - Le 8ème Passager
FenêtresSurCour
8

Du ballon de plage au bistrot gruyérien

En deux lignes : A l’occasion d’une étape imprévue lors de son retour vers la Terre, le cargo spatial Nostromo embarque à son insu un organisme extra-terrestre mortel. En un peu plus : En 1979, un...

le 16 sept. 2022

1 j'aime

Le Bon, la Brute et le Truand
FenêtresSurCour
8

Antitypologie en trois leçons

En deux lignes : Durant la guerre de Sécession, trois fines gâchettes se mettent en quête d’un trésor caché. En un peu plus : Il existe deux types de cinéma, prétend-on souvent. Le cinéma de...

le 1 sept. 2021

1 j'aime