En quelques lignes :
Pendant qu’un requin féroce terrorise la population d’une île et multiplie ses victimes, le trio improbable formé d’un chef de police, un pêcheur et un expert maritime se met sur la trace du géant pour le réduire à néant.
Et en un peu plus :
Le thème de la saison est « Ça va couper, chérie ! ». Que coupe-t-on donc ? Ici, c’est éminemment le souffle que l’on cherche à couper. Tous les moyens sont mis en œuvre pour y parvenir.
Premièrement, le réalisateur profite du mystère déjà présent dans l’eau et ses créatures fantastiques. Qu’y a-t-il donc sous cette couverture fraîche et paisible que sont nos pâles étendues ? C’est cette coupure entre notre monde allègre, ensoleillé et le monde profond et toujours inconnu des profondeurs de la mer qui est exploitée pour faire naître un pénétrant sentiment d’angoisse chez le spectateur.
Pour accentuer ce suspense, la musique nous délecte aussi. Son rythme entrecoupé, que l’on reconnaîtra aisément, similaire à un battement de cœur toujours plus sourd et rapide est d’un sinistre menaçant.
Les silences sont tout autant importants que le reste, et ici d’un effet sensationnel, par exemple lorsqu’on décide de couper brutalement une scène atroce, nous laissant un souvenir de ce qui vient de se passer et nous octroyant le temps d’apprécier l’étendue des abominations dans ce silence lugubre.
La caméra coupe, elle aussi, certaines choses de son cadre. Le réalisateur ne nous montre, à travers la fenêtre de son monde, qu’une partie des horreurs auxquelles nous faisons face, nous laissant tout le loisir d’imaginer, ou non, les atrocités devant nous, ce qui, d’ailleurs, ne diminue aucunement leur effet. Ces omissions volontaires sont aussi utilisées pour faire varier les perspectives et les plaisirs, par exemple en suggérant la présence du monstre en nous montrant son point de vue “par-dessous”, qui serait probablement tout à fait anodin hors contexte.
Ainsi, c’est cette coupure entre ces deux mondes, cette coupure entre le réel et nos fantasmes, cette coupure entre ce que nous savons et ce que nous imaginons qui nous coupe le souffle, qui coupe notre cœur et notre esprit, qui nous emplit d’épouvante et nous fait frémir de plaisir.
Pour le Cinéclub,
René
Bonus: en quelques images
https://youtu.be/QsMhZQWpJ0Y