Peur sur la ville et Eaux troubles
Comment parler des Dents de la mer en toute objectivité ? Ce film qui m'accompagne depuis ma plus tendre enfance (étant passionné par les requins depuis toujours, à cinq ans je ne voyais dans ce film... que le requin ! ). Mais étant aujourd'hui un adulte raisonnable et raisonné (bien que ?) il est plus facile de percevoir le film comme objet cinématographique ! Et quel objet !
Le film parait est réalisé en 1975, adapté d'un roman de Peter Benchley. L'histoire est simple: une petite station balnéaire de la côte est des États-Unis victime des assauts meurtriers d'un grand requin blanc. La chasse au monstre est lancé pour un trio de sauveur improvisé composé du chef de la police (Roy Scheider) d'un biologiste marin (Richard Dreyfuss) et d'un vieux loup de mer (Robert Shaw).
Tellement de choses à dire sur ce film. Dans dans sa mise en scène, son esthétisme, sa bande son, sa musique.. l'interprétation que l'on peu en tirer.
L'audace de Spielperg, pour son troisième film, réside dans l'utilisation d'un handicape majeur, en le transformant en un atout qui reste la clef de voute du film : son monstre invisible. Dans les années 70, il est difficile de faire jaillir un énorme requin sur la proue d'un bateau, ou bien de le faire foncer sur une proie telle une locomotive en furie. De plus, le requin mécanique, ironiquement nommé Bruce (du nom de l'avocat de Spielberg) ne fonctionne qu'à de très rares occasions (allant même jusqu'à couler lors de sa première utilisation). Un handicap donc, mais une force également; car qu'et ce qui rend Jaws (dans sa version originale) aussi terrifiant ? L'absence visuel du monstre. La peur vient en effet de ce qui ne nous est pas permis de voir ! La présence du requin subtilement marquée par une caméra subjective (le spectateur devient le monstre, sans savoir quelles jambes il va croquer!) et superbement souligné par la partition de John Williams (à ce jour, une de ses plus réussi).
Le long-métrage est bien plus qu'un film d'épouvante, c'est un film d'invasion. La peur que l'on ressent est à la fois une peur d'être dévoré vivant, la peur de ce qu'on ne voit pas... mais aussi la peur de l'inconnu, la peur de ce qu'on ne peu maitriser. Car les victimes du requins ne sont pas seulement humaines, elles sont aussi économiques. La petite station balnéaire ou se déroule l'action est la première victime du squale. Victime économique par la peur de l'eau que procure l'animal aux touristes, ne voulant plus mettre un orteil dans l'océan. Et Spielberg nous rappel à quel point l'Amérique est un pays dirigé par 'argent, lorsqu'il film une scène délirante montrant le maire de la ville qui n'hésite pas à inciter les vacancier à aller dans l'eau ! Un film d'invasion, car notons que le film est réalisé en 1975, en pleine guerre froide ! Il n'est donc pas difficile de comparer le gigantesque requin à un sous marin de l'ex URSS se délectant du mal infligé au peuple américain.
Jaws, un film qui ne prend pas une ride (malgré ses 40 ans !), bien souvent plagié, et qui, espérons le, passera à la trappe de cette insupportable mode hollywoodienne du remake!