En voilà un film qui a divisé cette édition du Festival de Cannes ! Et en même temps, il faut le comprendre, c'est-à-dire que nous sommes devant le cliché du drame cannois, allemand de plus de deux heures et demie avec des voix off sur des plans contemplatifs. Genre de film que je n'apprécie d'ordinaire pas du tout et il est vrai que j'avais un sentiment plutôt amer en quittant la salle... tout en ayant beaucoup apprécié.
Il m'a fallu quelques jours pour digérer ce drame historique inter-générationnel et plus les jours passaient, plus j'appréciais le film. Un sentiment étrange puisque je n'ai pas passé un bon moment mais certainement pas un mauvais non plus !
Pour donner plus de contexte, nous suivons ici plusieurs générations de jeunes femmes, étalées sur une centaine d'années, ayant toutes vécues dans le même corps de ferme. Les murs n'ont pas bougé mais ils sont empreints de souvenirs, quelques fois douloureux que la famille se partage, malgré elle, de génération en génération. Des scènes quelques-fois douloureuses au travers de générations qui se confondent de plus en plus les unes aux autres. Des traumas inconscients auxquels nous assistons qui se répercutent sur plusieurs jeunes femmes rencontrant des problématiques similaires à des époques différentes donc, donnant cette impression de malaise constant du début à la fin.
Mais à travers ces diverses générations et même si le film dure plus de deux heures, on a du mal à accorder assez de temps à chacune. D'autant plus que l'on met pas mal de temps à rentrer dans l'intrigue, le temps de comprendre toute cette imbrication ; l'histoire nous perdant, enfin m'ayant du moins perdu, à de nombreuses reprises, d'autant plus que rien n'est linéaire, c'est-à-dire que le film opère constamment des sauts dans le temps, accordant plus ou moins de temps à chaque époque.
Malgré tout, j'ai été sidéré par une mise en scène donc contemplative à beaucoup de reprises, étant très généreuse dans la beauté de ses plans. Une mise en scène qui accompagne aussi les personnages dans leur douleur ou leurs névroses ; enfin, c'est assez difficile à expliquer, nous n'avons pas une mise en scène qui se contente d'être passive, on dirait qu'elle accompagne chaque personnage mais surtout les relie les uns aux autres. Nous avons d'ailleurs tout un travail autour du son qui est également très bon.
Ainsi, "Sound of Falling" restera pour moi ce moment suspendu dans le temps ; une expérience que je ne suis pas près de réitérer même si je dois bien avouer que je n'ai pas détesté !