Sans que ce soit officielle, il s'agit en réalité d'une "suite" à la Tour d'introspection tourné en 1942 : le soldat est un ancien élève et invite ses nouveaux camarades à y aller pour suivre une éducation.
Ce film poursuit ses recherches visuelles et thématiques avec une approche néo-réaliste criante (et parfois douloureuse) dans son ancrage documentaire et une mise en scène qui cherche à inscrire ses personnages dans un environnement et la nature avec beaucoup de plans larges, de nombreux travellings latéraux et une grande profondeur de champ.
Qu'il s'agisse du début autour de la gare, des ruines environnante, des nombreux paysages de campagnes, des bord de mer, de pont arrondi ou des stupéfiants et glaçants vestiges d'Hiroshima, les plans sont tous plus inspirés les uns que les autres, avec un sens du cadre et d'accompagnement du mouvement qui ne manque pas de lyrisme.
Et comme dans La tour d'introspection, la notion de groupe est indissociable de la dynamique narrative.
Seule la dernière partie rompt avec cette idée en délaissant les travelling au niveau du sol pour des mouvements de caméra qui précédent la douloureux escalade d'un enfant portant sur son dos un camarade malade désireux de voir la mer depuis le sommet d'une montagne verdoyante. Une séquence tout simplement magistrale et déchirante qui mériterait d'être citer dans tous les dictionnaires du cinéma par sa perfection plastique, la justesse de ses mouvements de caméra (qui n'ont pas du être évidents à mettre en place) et sa progression quasi géométriques au milieu des lignes et courbures des flancs et arrêtes montagnardes. Sa conclusion est d'ailleurs d'une violence qui laisse pantois.


Pourtant malgré ses qualités indiscutables et plusieurs moments aussi touchants et poétiques que graves et amers (la jeune femme se cachant dans les ruines d'Hiroshima, un garçon appelant sa mère à chaque fois qu'il voit l'océan où celle-ci se noya), Les enfants de la ruche n'est pas aussi bouleversant et immersif qu'on aurait souhaité. J'aurais du mal à expliquer vraiment pourquoi. Il y a quelques réponses probables : une musique trop présente et un traitement des personnages trop théoriques qui n'ont pas la véracité de la mise en scène et du contexte... Tout en reconnaissant qu'il s'agit d'une œuvre absolument majeure du cinéma japonais de l'après-guerre.


Il faut croire en tout cas que Shimizu tenait à ces enfants (et pour cause, il avait adopté lui-même plusieurs orphelins à la fin de la guerre), il donna une nouvelle suite intitulé : Ce qui est advenu des enfants de la ruche (1951). Va falloir que je trouve ça !

anthonyplu
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le 23 mars 2019

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