Une fresque magnifique qui demande de l'endurance !

  • ​Il y a quelque chose d'absolument envoûtant dans l'atmosphère des Enfants du Paradis. Se plonger dans cette fresque de plus de trois heures sur le Paris populaire et théâtral des années 1830, c'est accepter une promenade dans un rêve historique, un ballet d'amour et de mélancolie. Mais, et c'est là que ma note s'arrête à un solide 7/10, c'est aussi une promenade qui demande de la patience et peut, par moments, s'avérer un peu trop lente et chargée.
  • ​Ce que j'ai trouvé le plus captivant, c'est bien sûr la performance de Jean-Louis Barrault dans le rôle de Baptiste. Son Baptiste, mime silencieux et torturé, est d'une poésie visuelle ahurissante. Le moindre de ses gestes parle plus fort que n'importe quel dialogue. La scène où il mime l'amour pour Garance devant une foule hilare et, en même temps, totalement subjuguée, m'a laissé bouche bée. C'est l'essence même du cinéma français classique : une grâce absolue.
  • ​La reconstitution de l'ancien « Boulevard du Crime » est une splendeur. Les décors grouillants, les costumes somptueux, l'énergie des comédiens... on sent que le film a été une œuvre de résistance, créée dans des conditions incroyables pendant l'Occupation. Cet arrière-plan historique confère à l'œuvre une âme supplémentaire, un souffle épique.
  • ​Le scénario de Jacques Prévert est un chef-d'œuvre littéraire. Il a réussi à tisser une toile complexe de désirs croisés autour de la magnifique et insaisissable Garance (Arletty est ici inoubliable, l'incarnation même du charme libre). La façon dont il explore les différentes facettes de l'amour, l'amour idéaliste de Baptiste, l'amour jaloux de Frédérick Lemaître, l'amour intéressé du Comte Édouard de Montray est d'une richesse psychologique rare. C'est un film sur la vie, sur l'art qui imite la vie, et sur l'impossibilité de saisir le bonheur parfait.
  • Note Personnelle : La réplique d'Arletty, « Paris est tout petit pour des gens qui s’aiment d’un aussi grand amour que le nôtre », résonne encore.

Le Bémol : La Longueur et le Rythme

  • ​Pourquoi 7/10 et non plus ? Je dois être honnête : la longueur du film est son principal écueil. Si le récit est riche, le rythme, par moments, est terriblement lent. Il y a des scènes entières, particulièrement dans la seconde partie, où j'ai senti mon attention vaciller. Le film s'étire dans ses dilemmes et ses mélodrames. J'ai eu l'impression que la densité des dialogues, bien qu'admirable, surchargeait l'ensemble, le rendant un peu académique. J'ai aimé l'histoire, mais j'ai eu du mal avec sa durée. C'est un film que je dois mériter, et non un film qui me happe dès les premières minutes.

En conclusion

  • Les Enfants du Paradis est sans conteste un monument du cinéma, un film qu'il faut avoir vu pour sa beauté, ses performances magistrales et sa poésie inaltérable. Il m'a transporté, ému, et m'a rappelé le pouvoir de l'art. Mais pour le spectateur que je suis, il a aussi exigé un effort d'endurance. C'est pour cette raison qu'il obtient mon 7/10 : un chef-d'œuvre indiscutable, mais pas une expérience de visionnage parfaitement fluide.

Créée

il y a 22 heures

DirtyVal

Écrit par

D'autres avis sur Les Enfants du paradis

Les Enfants du paradis
Gerard-Rocher
10

Critique de Les Enfants du paradis par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Dans Paris en 1828 le Boulevard du Temple est appelé également "Boulevard du crime" et il porte bien ce surnom. Cette artère grouillante comporte quelques théâtres, dont le "Théâtre des Funambules",...

78 j'aime

52

Les Enfants du paradis
PhyleasFogg
10

Sur le boulevard du crime, vous vous promenez, et tombez amoureux d'une fleur, Garance

Sur le boulevard du crime, vous vous promenez, et tombez amoureux d'une fleur, Garance. Il y a Baptiste, le mime enfant de la lune, tellement fou d' amour qu'il n'ose cueillir la fleur... Frédéric...

le 10 févr. 2013

75 j'aime

16

Du même critique

A House of Dynamite
DirtyVal
1

Un Gâchis Dégoupillé : Le thriller sans fin qui tourne en rond et nous prend pour des idiots.

A House of Dynamite, malgré les attentes placées dans sa réalisatrice Kathryn Bigelow, est un échec retentissant. Sous l'emballage d'un thriller urgent sur la crise nucléaire, ce film est une œuvre...

le 26 oct. 2025

29 j'aime

5

Sacré Cœur
DirtyVal
7

La Revanche du Film Muselé

Un docu-fiction qui touche l'âme.Le film Sacré Cœur, réalisé par Sabrina et Steven Gunnell, est bien plus qu'un simple documentaire. C'est un docu-fiction saisissant (sorti le 1er octobre 2025) qui...

le 9 oct. 2025

20 j'aime

5